Lutter contre l’homophobie, un «sujet encore très tabou et délicat» pour les jeunes footballeurs
DÉCRYPTAGE - La polémique enfle après le refus de certains joueurs de porter le flocage arc-en-ciel ce week-end lors de la journée de lutte contre l'homophobie.
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Pour Yoann Lemaire, invité du "Club Info", "c'est important d'aller voir [les joueurs], d'en parler avec eux et d'expliquer pourquoi il faut donner de la visibilité à la lutte contre l'homophobie".
"Il faut prendre ce sujet au sérieux", réagit dimanche 14 mai sur franceinfo Yoann Lemaire, président de Foot ensemble, une association qui agit contre la discrimination dans le monde du football. Plusieurs joueurs de Ligue 1 et de Ligue 2 ont refusé ce week-end de porter le maillot arc-en-ciel contre l'homophobie à l'occasion de cette campagne annuelle.
Même si Yohann Lemaire avoue qu'il "s'attendait" à ce que le port du maillot pose des problèmes "à un certain nombre de joueurs", il estime avoir "sous-estimé" la question, à commencer par "les interprétations des religions". "Le conservatisme religieux revient en force, je trouve que c'est assez inquiétant (...) en 2023, je suis obligé de prendre des cours de théologie pour en parler, même avec les jeunes. Il y a cinq ou dix ans en arrière, on parlait simplement de laïcité, la religion n'était pas si importante que ça."
Les clubs doivent "s'engager encore plus"
Pour le président de Foot ensemble, "c'est important d'aller voir [les joueurs], d'en parler avec eux et d'expliquer pourquoi il faut donner de la visibilité à la lutte contre l'homophobie". Car pour Yohann Lemaire, il y a d'autres arguments qui ne sont pas liés à l'homophobie : "Certains disent qu'ils n'aiment pas qu'on leur impose un maillot et une cause (...) d'autres que c'est un sujet qu'ils ne connaissent pas. (...) C'est bien de leur rappeler que c'est important". Et puis "il faut relativiser", assure-t-il, "c'est quelques joueurs sur plus de 800. Il y a des clubs comme Montpellier qui ont montré l'exemple avec un magnifique maillot".
Les clubs justement, "même s'ils en font déjà beaucoup sur le terrain, doivent s'engager encore plus", selon le président de Foot ensemble. Le Toulouse Football Club, qui a indiqué avoir écarté les joueurs ayant refusé de porter le maillot arc-en-ciel, a aussi écrit, dans un communiqué, "respecter les choix individuels de ses joueurs" : "C'est une grosse déception", réagit Yohann Lemaire. Le président de Foot ensemble juge même "scandaleuse, pathétique et ridicule" la réaction du coach brestois Eric Roy, qui a qualifié de "catastrophique" l'organisation de cette campagne de lutte contre l'homophobie à trois journées de la fin de la saison : "Ça nuit à l'image du football, à leur club et leur sponsor", pour Yohann Lemaire.
"Je ne suis pas pour condamner" les joueurs, assure-t-il, "mais il faudrait de la réparation : si vraiment ils sont homophobes, qu'ils le disent et il doit y avoir des actions en justice. S'il y a des explications, que des joueurs qui viennent d'autres pays subissent des pressions (...) il doit y avoir une discussion avec eux." Mais cela doit se faire selon lui, non pas sur une impulsion de la Ligue de football professionnelle, mais à l'échelle des clubs.