Cyclisme : l’Equatorien Richard Carapaz remporte le Tour d’Italie
Champion olympique à Tokyo après avoir remporté le Giro en 2019, Richard Carapaz rejoint le club extrêmement restreint des sportifs ayant fait figurer l'Équateur au sommet du sport mondial.
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Vérone, 2 juin 2019. Là, sur les rives de l'Adige, un coureur équatorien écrit l’histoire, dans la ville qui a servi de cadre à la tragédie Roméo et Juliette de Shakespeare. Son nom : Richard Carapaz. Jamais un représentant de l’Équateur n’avait gagné un Grand Tour. Celui que l’on surnomme « La Locomotora del Carchi », soit la locomotive de Carchi, terminera l’année suivante deuxième du Tour d’Espagne et troisième du Tour de France en 2021.
L'Équateur, pas réputé pour la pratique du cyclisme
Le petit garçon né à El Carmelo, dans la province de Carchi, restera dans l’histoire du cyclisme mondial avec trois podiums dans les trois Grands Tours. Son pays, frontalier du Pérou au sud et à l'est et de la Colombie au nord-est, n’est pas réputé pour la pratique du cyclisme. Avant lui, l’Équateur ne comptait que quelques coureurs de renom. À l’intérieur du pays, on se souvient de Juan Carlos Rosero, vainqueur de son tour national en 1986, 1989 et 1992. Avant son décès en 2013, Rosero était encore le mentor de Carapaz.
Mais il fallait se tourner vers la Colombie pour voir des Sud-Américains réussir sur le vieux continent, à l’image de Luis Herrera, dit « Lucho », qui fait sans aucun doute partie des meilleurs grimpeurs que le cyclisme ait connus. Luis Herrera est aujourd’hui encore le seul coureur – avec Federico Bahamontes – à avoir remporté le classement de la montagne sur le Tour de France, mais aussi sur le Giro et la Vuelta.
Depuis, d’autres sont venus faire fortune en Europe, à l’image de Nairo Quintana, Egan Bernal, Rigoberto Uran, ou encore Miguel Angel Lopez. En Colombie, le cyclisme est capable de fédérer tout un pays, à l’image du Brésil avec le football. En Équateur, où une partie importante de la population vit sous le seuil de pauvreté, c’est une autre histoire. Là-bas, Richard Carapaz, qui a fait ses armes sur les routes colombiennes avant de venir en Europe, représente la réussite. Celui qui se levait à 5h du matin pour traire à la main les sept vaches de la famille ne pensait pas que cette enfance déboucherait sur une existence passionnante. Et « Richie » retourne volontiers se ressourcer auprès des siens le plus souvent possible, et grimper les cols équatoriens. Les parents, les amis et l’altitude restent une priorité. Il profite de la tranquillité et roule à 3 000 mètres d’altitude.
Richard Carapaz et son rêve d'Europe
Aujourd’hui, l’équipe Ineos fait confiance au champion olympique en titre sur route à Tokyo pour jouer la victoire finale dans l’édition du Giro 2022, qui débute vendredi 6 mai à Budapest en Hongrie. « Nous sommes tous prêts à gagner le Giro. Chaque "Grenadier" sait que c'est l'objectif, nous avons tous cela en commun et voulons le réaliser », déclare Carapaz. Ineos a gagné trois des quatre dernières éditions du Tour d'Italie avec les Britanniques Chris Froome en 2018 et Tao Geoghegan Hart en 2020, puis le Colombien Egan Bernal l'année passée.
Richard Carapaz, qui avait écrasé en 2013 les championnats panaméricains, aurait pu passer à côté de cette carrière magnifique. Alors qu’il déménage en Colombie en 2015, où il court pour l'équipe colombienne Strongman-Campagnolo-Wilier – il séjourne chez l'ancien professionnel Rafael Acevedo, également beau-père de Miguel Ángel López –, il devient le premier étranger à remporter le Tour de Colombie espoirs. Espérant un vrai contrat, en 2016, seule une petite équipe amateur espagnole accepte de le prendre. Il finit par s’attirer les regards de l’équipe Movistar, et signe un contrat comme stagiaire en 2017. Année où il devient également le premier cycliste équatorien à courir le Tour d’Espagne. En 2018, son nom commence à devenir connu du grand public avec une victoire d’étape et une quatrième place au classement général.
L’année suivante, c’est l’apothéose dans les rues de Vérone avec un sacre devant la star italienne Vincenzo Nibali et le Slovène Primož Roglič. À Quito, dans la capitale équatorienne, des milliers de spectateurs sont rassemblés à l'Estadio Olímpico Atahualpa pour une retransmission publique de la dernière étape. Cet exploit restera dans l’histoire, en attendant le prochain.
Carapaz, qui n'a pas couru en avril, s'est rassuré sur sa condition au Tour de Catalogne fin mars, s'adjugeant la sixième étape à l'issue d'une échappée fleuve de 130 km en compagnie du Colombien Sergio Higuita. Dans sa quête d'un deuxième maillot rose, Carapaz sera notamment épaulé par le grimpeur australien Richie Porte et le Français Pavel Sivakov.