Le réchauffement climatique en France est pire que prévu
Le réchauffement climatique en France est pire que prévu. Les températures dans l'Hexagone pourraient augmenter en 2100 de 3,8 degrés en moyenne par rapport au début du XXe siècle. «Cela représente une hausse jusqu'à 50% plus élevée que les précédentes prévisions».
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Les températures dans l'Hexagone pourraient augmenter en 2100 de 3,8 degrés en moyenne par rapport au début du XXe siècle, si les émissions de gaz à effet de serre ne baissent pas drastiquement.
Le changement climatique en France pourrait être pire que prévu : selon une étude, les températures dans l'Hexagone pourraient augmenter en 2100 de 3,8 degrés en moyenne par rapport au début du XXe siècle, si les émissions de gaz à effet de serre ne baissent pas drastiquement. «Cela représente une hausse jusqu'à 50% plus élevée que les précédentes prévisions», indique l'un des auteurs de l'étude Aurélien Ribes, climatologue au Centre national de la recherche météorologique (CNRM).
Dans le pire des scénarios, celui où on continuerait à avoir un recours massif aux énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon), les températures moyennes pourraient grimper de 6,7 degrés, avertit l'étude parue début octobre dans la revue «Earth Systems Dynamics». Dans le meilleur des cas, l'augmentation de la température serait de 2,3°C. Mais, dans l'ensemble, «la France se réchaufferait davantage (environ +20%) que la moyenne planétaire», indique Aurélien Ribes, avec une hausse moyenne de 0,36 degré par décennie. Selon l'ONU, le réchauffement de l'ensemble de la Terre pourrait, si rien n'est fait, atteindre les +2,7 degrés à la fin du siècle.
Données récoltées depuis 1899
Pour arriver à ces données concernant la France, les chercheurs du CNRS, du CNRM, et du Centre européen de recherche et de formation avancée en calcul scientifique (Cerfacs) se sont basés sur les données récoltées depuis 1899 par une trentaine de stations météorologiques réparties en France pour calculer le réchauffement actuel et futur, à partir de différents scénarios, du plus optimiste, celui où l'on atteint la neutralité carbone en 2050 après d'importants efforts au niveau international, au plus pessimiste, où les émissions continuent de grimper.
Ces données ont montré que la température moyenne de la France actuelle était de 1,66 degré supérieure à la période 1900-1930. «Dont la quasi-totalité (1,63 degré) sont dus uniquement aux activités humaines», souligne Aurélien Ribes. «Chaque tonne de CO2 compte dans la mesure où le réchauffement dépend du niveau d'émission cumulé», ajoute-t-il, ajoutant que «pour 2023, on atteindrait déjà +1,8 degré».
Le dernier rapport des experts climat de l'ONU (Giec) a montré que la planète avait déjà gagné en moyenne près de 1,2°C depuis l'ère pré-industrielle en raison des gaz à effet de serre générés par ces activités humaines. Mais attention, la hausse de 3,8 degrés en 2100 en France n'est qu'une moyenne, avertissent les chercheurs: certaines régions notamment autour de l'arc méditerranéen ou en montagne, pourraient connaître des températures encore plus élevées.
Et le réchauffement varierait fortement selon les saisons. Si en hiver, la hausse des températures serait de 3,2°C (2,3 à 4,2°C selon les régions), en été, le thermomètre pourrait s'affoler, avec une hausse moyenne de 5,1 degrés (3,6 à 6,6°C selon les régions). «Cela voudrait dire qu'on aurait des phénomènes extrêmes (chaleur, sécheresse, inondations ...) largement plus forts que ce qu'on a connu à l'été 2022, où le réchauffement n'était que de 4 degrés en moyenne», souligne Julien Boé, chercheur en climatologie au CNRS.
Le rythme de hausse devrait ralentir
Ils seront aussi plus fréquents et surtout plus intenses, note Aurélien Ribes. Selon Météo-France, dans un scénario à 4° de réchauffement, les vagues de chaleur en Île-de-France par exemple s'étendraient de 21 à 94 jours selon les régions contre sept aujourd'hui en moyenne nationale et la fréquence de ces événements devrait doubler d'ici 2050. Et, selon le Giec, chaque degré supplémentaire de réchauffement équivaut à une augmentation de 7% des précipitations lors des tempêtes et orages.
Dans tous les cas, ce réchauffement aura «des conséquences sur les écosystèmes et la biodiversité, avec des habitats qui deviendront moins favorables à certaines espèces, qui seraient contraintes de se déplacer, et aussi sur le système agricole» avec l'abandon de certaines cultures, faute d'eau ou un changement dans les cycles de récolte, explique Julien Boé.
Seul petit point positif : «On est au moment où le réchauffement augmente le plus vite» du fait de la baisse des aérosols (qui ont un effet rafraîchissant), qui est amenée à ralentir, concomitante à la hausse des gaz à effet de serre (qui réchauffent). «Le rythme de hausse devrait donc ralentir après 2030», estime Aurélien Ribes. Mais même comme cela, si rien ne change, on n'échappera au +3,8 degrés.