Taïwan : des exercices militaires chinoises juste après le départ de Macron
Des exercices militaires chinoises ont été lancées juste après le départ de Macron à Pékin et la visite de Tsai Ing-Wen aux États-Unis.
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Des exercices militaires chinoises ont été lancées ce samedi 8 avril dans le détroit de Taïwan à des exercices « d’encerclement total » de l’île, a annoncé la télévision d’État chinoise, au premier jour de manœuvres militaires qui dureront jusqu’à lundi. Et ce, à peine 24 heures après le départ d’Emmanuel Macron de Pékin.
« L’exercice d’aujourd’hui se concentre sur la capacité à prendre le contrôle de la mer, de l’espace aérien et de l’information (...) afin de créer une dissuasion et un encerclement total » de Taïwan, a précisé CCTV. Des destroyers, des vedettes rapides lance-missiles, des avions de chasse, des ravitailleurs et des brouilleurs sont mobilisés. La localisation exacte de ces opérations n’est pas connue.
Le ministère de la Défense taïwanais a affirmé samedi à la mi-journée avoir détecté au moins neuf navires de guerre et 71 avions militaires chinois autour de l’île. Vingt-neuf avions sont entrés au sud-ouest de la zone d’identification de défense aérienne (ADIZ) de Taïwan, a-t-on précisé de même source.
Ces exercices militaires chinoises interviennent juste après le départ du président français de Pékin, où il a passé trois jours. La situation dans le détroit de Taïwan était le tabou de la visite, malgré les risques économiques pour la France et l’Europe d’une guerre entre les deux territoires. La question a malgré tout été évoquée avec le président chinois Xi Jinping et « la conversation a été dense et franche » à ce sujet, a indiqué vendredi l’Élysée.
Des exercices militaires chinoises à tirs réels prévus
Ces manœuvres font aussi suite à la visite cette semaine de la présidente taïwanaise Tsai Ing-Wen aux États-Unis, où elle a rencontré mercredi Kevin McCarthy, le président de la Chambre des représentants. Pékin avait dans la foulée promis des « mesures fermes et énergiques » en représailles.
La Chine voit avec mécontentement le rapprochement à l’œuvre ces dernières années entre les autorités taïwanaises et les États-Unis, qui malgré l’absence de relations officielles fournissent à l’île un soutien militaire substantiel. La Chine considère en effet Taïwan (23 millions d’habitants) comme l’une de ses provinces.
Pour la Chine, ces exercices « servent de sérieux avertissement contre la collusion entre les forces séparatistes recherchant “l’indépendance de Taïwan” et les forces extérieures, ainsi que leurs activités provocatrices », avait averti un porte-parole de l’armée, Shi Yi. Elles comprennent également des « patrouilles », « nécessaires pour sauvegarder la souveraineté et l’intégralité territoriale de la Chine », a justifié ce porte-parole.
Des exercices à tirs réels se tiendront également lundi dans le détroit de Taïwan à proximité des côtes du Fujian (est), la province qui fait face à l’île, ont par ailleurs indiqué les autorités maritimes locales.
Taïwan dénonce l’« expansionnisme autoritaire » de la Chine
Ces exercices, qui revêtent une dimension « opérationnelle », sont destinés à démontrer que l’armée chinoise sera prête, « si les provocations s’intensifient », à « régler une fois pour toutes la question de Taïwan », a affirmé à l’AFP l’analyste militaire Song Zhongping.
Taïwan a pour sa part estimé que ces manœuvres menacent la « stabilité et la sécurité » dans la région Asie-Pacifique. Sa présidente a dénoncé ce samedi un « expansionnisme autoritaire » de la part de la Chine et assuré que le territoire « continuerait à travailler avec les États-Unis et d’autres pays (...) pour défendre les valeurs de liberté et de démocratie ». Le ministère taïwanais de la Défense a indiqué « suivre la situation » et avoir chargé l’armée de « répondre » aux activités militaires chinoises.
Quelques heures après l’annonce par Pékin de la tenue des exercices militaires, Tsai Ing-wen a par ailleurs rencontré une délégation du congrès américain en visite à Taïpei. Michael McCaul, à la tête de cette délégation et responsable des ventes de matériel militaire américain à des pays étrangers, a déclaré que Washington s’efforçait de fournir rapidement des armes à Taïwan.
« Nous faisons tout ce que nous pouvons au Congrès pour accélérer ces ventes et obtenir les armes dont vous avez besoin pour vous défendre, et nous fournirons une formation à votre armée, non pas pour la guerre, mais pour la paix », a-t-il dit.
En août, Pékin avait lancé des manœuvres militaires sans précédent autour de Taïwan lorsque la démocrate Nancy Pelosi, qui a précédé Kevin McCarthy au perchoir, s’était rendue sur l’île. La réponse à ce stade à la rencontre avec le numéro trois américain n’est pas comparable avec l’été 2022, où des tirs de missiles avaient été effectués.