Guerre en Ukraine: Blinken dit avoir demandé à Lavrov de «mettre fin à cette guerre d’agression»
Les États-Unis et leurs alliés européens se sont opposés à la Russie au sujet de la guerre en Ukraine lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 à New Delhi ce jeudi, les parties rivales s'accusant mutuellement de déstabiliser l'équilibre mondial.
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Le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, a déclaré, jeudi 2 mars, avoir demandé à son homologue russe, Sergueï Lavrov, de "mettre fin" à la "guerre d'agression" de la Russie en Ukraine, lors de leur échange en marge d'une réunion du G20 en Inde.
"J'ai dit au ministre des Affaires étrangères (russe) ce que j'ai dit, comme tant d'autres, la semaine dernière aux Nations unies et ce que tant de ministres des Affaires étrangères du G20 ont dit aujourd'hui : mettez fin à cette guerre d'agression, engagez-vous dans une diplomatie significative qui peut produire une paix juste et durable", a déclaré Antony Blinken à la presse.
Les deux hommes ont eu un "bref" entretien en marge des discussions du G20, leur premier depuis le début de la guerre en Ukraine, a indiqué un responsable américain. Antony Blinken a, plus tôt dans la journée, fait part à son homologue russe de l'engagement des États-Unis à soutenir l'Ukraine et a pressé la Russie de revenir sur sa décision de suspendre le traité de désarmement nucléaire New Start, a précisé un responsable américain sous couvert d'anonymat.
La Russie fustige les Occidentaux
Le précédent entretien d'Antony Blinken en tête-à-tête avec Sergueï Lavrov remontait à janvier 2022, quelques semaines avant l'invasion russe de l'Ukraine, le 24 février. Ils avaient toutefois discuté depuis au téléphone, mais sur d'autres sujets que l'Ukraine.
La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a minimisé l'importance de cet échange.
Celle-ci assure que Sergueï Lavrov "lui a parlé, debout, dans le cadre de la deuxième session du G20". "Aucun entretien ni aucune véritable rencontre n'ont eu lieu", a-t-elle précisé auprès de l'agence de presse publique russe RIA Novosti.
Pour Harsh V. Pant, professeur au King's College de Londres, cette rencontre ne modifiera pas "fondamentalement la dynamique sur le terrain" en Ukraine.
Antony Blinken et Sergueï Lavrov "n'ont rien dit qui convainque quiconque que cette crise évolue vers une résolution significative ou sérieuse", estime auprès de l'AFP cet expert en relations internationales.
Devant ses homologues du G20, le chef de la diplomatie russe a fustigé le "comportement obscène d'une série de délégations occidentales, qui ont transformé le travail sur l'agenda du G20 en une farce", d'après l'agence publique russe TASS.
La réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 est intervenue après celle de la semaine dernière des ministres des Finances, qui n'ont pu s'entendre sur un communiqué commun en raison de leurs divergences concernant le conflit en Ukraine.
Jeudi, la Chine a de nouveau rejoint la Russie et refusé de signer le communiqué commun à l'issue de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G20.
Liens étroits entre Moscou et Pékin
En marge de cette réunion, Sergueï Lavrov s'est entretenu avec son homologue chinois, Qin Gang, dont le pays entretient des liens étroits avec Moscou. Les deux hommes ont "unanimement rejeté les tentatives d'ingérence dans les affaires internes d'autres pays, d'imposer des approches unilatérales par le chantage et les menaces", selon un communiqué de la diplomatie russe.
Les deux pays ont fait part de leur opposition à un paragraphe du communiqué exigeant le "retrait complet et inconditionnel de la Russie du territoire de l'Ukraine", selon un résumé des discussions du G20 publié par la présidence indienne.
La Russie souhaitait par ailleurs inscrire dans le document la nécessité d'une enquête "impartiale", après les explosions qui ont endommagé, en septembre, les gazoducs russes Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique, a indiqué devant la presse Sergueï Lavrov. Les pays occidentaux et la Russie se rejettent la responsabilité de ces explosions.
Les délégués occidentaux craignent que la Chine n'envisage de fournir des armes à la Russie et ont déclaré avant le sommet qu'ils avaient l'intention de décourager Pékin d'intervenir dans le conflit.
"Si la Chine s'engageait dans un soutien matériel létal à l'agression de la Russie ou si elle s'engageait dans le contournement systématique des sanctions pour aider la Russie, ce serait un grave problème pour nos pays", a déclaré Antony Blinken.
Depuis le début du conflit la Chine se présente comme neutre, tout en conservant des liens étroits avec son allié stratégique russe.