Des milliers de Tunisiens ont défilé dans les rues de Tunis ce jeudi après l’appel de la centrale syndicale l’UGTT et de plusieurs associations en soutien aux Palestiniens après le sixième jour consécutif de bombardements israéliens sur la bande de Gaza.
Les manifestations de solidarité avec les Palestiniens en Tunisie ne sont pas nouvelles, même sous la dictature de Zine el-Abidine Ben Ali, elles étaient parmi les seules autorisées. Le pays a abrité de 1982 à 1994 l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP) de Yasser Arafat, et le siège avait été bombardé en 1985, tuant 60 Palestiniens et 18 Tunisiens. En 2016, Mohammed Zouari, un ingénieur du Hamas, avait été assassiné par des agents israéliens dans la ville de Sfax à l’est du pays.
Ce jeudi, des milliers de personnes vêtus de keffieh et brandissant le drapeau palestinien et de nombreux jeunes, d’habitude peu intéressés par la politique, ont battu le pavé. La rue tunisienne n’avait pas été aussi unie depuis longtemps, selon Aziz Chebbi, un étudiant en sciences politiques de 26 ans.
« Il y a peu de causes aujourd’hui qui unissent tous les Tunisiens. Et la cause palestinienne, c’est l’un des rares moments où l’on peut voir toutes les générations, tous les bords politiques côte à côte, la société civile et la jeunesse crier en solidarité avec Gaza. Et ce n’est pas propre à Tunis, cela s’est passé aussi dans d’autres régions, des manifestations spontanées de soutien », explique le jeune homme.
D’une autre génération, Halima Jouini militante féministe au sein de l’association tunisienne des femmes démocrates, est venue aussi manifester. « Le peuple palestinien lutte depuis 75 ans, donc tous les Tunisiens et les Tunisiennes sont convaincus. Nous-mêmes nous sommes des féministes, mais la première fois qu’on a pris la rue, qu’on a fait un rassemblement dans la rue, c’était pour la cause palestinienne en 82 contre l’invasion de Beyrouth », se souvient-elle.
Parmi les slogans en solidarité aux Palestiniens, les manifestants ont également réclamé de criminaliser toute normalisation avec Israël et ont dénoncé le soutien de la France et des États-Unis à l’État israélien.
RFI