Pourquoi Biden demande-t-il le transfert de deux îles stratégiques de la mer Rouge à Riyad ?
Les États-Unis mènent secrètement des négociations entre l’Arabie saoudite, Israël et l’Égypte concernant le transfert de deux îles stratégiques de la mer Rouge à Riyad, avant la visite prévue du président Biden en Israël et peut-être en Arabie saoudite, a signalé mercredi le site d’information israélien Walla.
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Des discussions sont en cours pour finaliser l’accord, lequel pourrait « contenir des arrangements en matière de sécurité entre Israël et l’Arabie saoudite et créer des liens chaleureux entre les deux pays, une première », rapportent des sources à Walla.
L’Arabie saoudite refuse historiquement d’établir des liens diplomatiques avec Israël avant que ne soit trouvée une solution juste pour les Palestiniens.
Placées sous la houlette du coordinateur pour le Moyen-Orient de la Maison-Blanche, Brett McGurk, ces négociations visent à officialiser le transfert de Tiran et Sanafir de l’Égypte à l’Arabie saoudite. Ces deux îles se situent à un point stratégique entre les ports d’Aqaba (Jordanie) et d’Eilat (Israël).
Ces îles ont été occupées par Israël lors de la guerre des Six Jours en 1967, avant d’être remises à l’Égypte en 1982 lorsque les deux camps ont signé les accords de paix de camp David.
L’Arabie saoudite revendique depuis longtemps la propriété des îles et explique que l’Égypte les contrôlait depuis 1950 à des fins de protection et à la demande de Riyad.
En 2018, la Cour suprême égyptienne a approuvé un accord entre les deux pays cédant les îles à l’Arabie saoudite malgré la colère de l’opinion publique, opposée à cette initiative.
Cependant, le transfert attendait un accord sur le sort d’une force multinationale d’observateurs (créée dans le cadre du traité de paix israélo-égyptien de 1979) qui garantit la liberté de navigation dans le détroit.
L’Arabie saoudite veut mettre un terme à la mission de ces observateurs mais s’est engagée à ne pas militariser ces îles et à garantir la liberté de navigation.
Selon l’article de Walla, Israël a demandé des arrangements alternatifs en matière de sécurité avant que soit mis un terme au travail de la force multinationale.
Par ailleurs, Israël a demandé à l’Arabie saoudite l’autorisation d’utiliser son espace aérien pour écourter les vols vers l’Inde, la Thaïlande et la Chine.
Il désire aussi que l’Arabie saoudite autorise les vols directs entre les deux pays pour ceux qui veulent effectuer le pèlerinage à la Mecque.
Les États-Unis encouragent la conclusion d’un accord avant la fin juin, avant la tournée prévue du président Biden au Moyen-Orient, laquelle comptera une escale en Israël et peut-être en Arabie saoudite.
Biden a fait campagne sur le fait de faire de l’Arabie saoudite un État « paria » et a validé la publication d’un document de la CIA qui impute au dirigeant de facto du pays, le prince héritier Mohammed ben Salmane, le meurtre du journaliste du Washington Post et de Middle East Eye Jamal Khashoggi.
Normalisation israélo-arabe
L’article de mercredi survient dans un contexte où les États-Unis encouragent la normalisation entre Israël et plusieurs pays arabes.
En 2020, Israël a signé des accords avec les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Maroc et le Soudan, ce qu’on appelle aujourd’hui les accords d’Abraham.
Dans une chronique publiée par le Wall Street Journal en mars 2021, l’ancien conseiller à la Maison-Blanche Jared Kushner (qui a joué un rôle crucial dans ces accords de normalisation) a écrit que la normalisation entre l’Arabie saoudite et Israël était « en vue » et disait « observe[r] les derniers vestiges de ce qu’on appelle le conflit israélo-arabe ».
Le ministre saoudien des Affaires étrangères Fayçal ben Farhan a déclaré lors d’une interview avec CNN un mois plus tard que l’accord de normalisation avec Israël serait « extrêmement utile » et serait « très avantageux » pour le Moyen-Orient, mais que cela ne pouvait se faire que si on réglait « le problème des Palestiniens ».
Les responsables saoudiens ont dit et répété que le royaume maintiendrait son engagement envers l’Initiative de paix arabe, laquelle conditionne la reconnaissance d’Israël à la création d’un État palestinien indépendant au sein des frontières de 1967.
Cependant, en novembre 2020, le prince héritier saoudien a rencontré secrètement le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou dans le royaume, selon les informations de plusieurs médias israéliens à l’époque.
L’ancien président Donald Trump et ses conseillers se vantaient d’un grand exploit diplomatique, toutefois, les accords de normalisation entre les États arabes et Israël n’ont pas résolu le conflit entre Israéliens et Palestiniens et aucun pays arabe ayant normalisé ses relations n’avait jamais été en guerre avec Israël.
Israël poursuit la construction et l’expansion de ses colonies dans les territoires palestiniens occupés, ce qui constitue une annexion de facto des terres sur lesquelles un futur État palestinien est censé être créé.