Guerre en Ukraine : Vladimir Poutine envisage-t-il d'employer l'arme nucléaire ?
En représailles aux sanctions occidentales, Vladimir Poutine, ce dimanche 27 janvier, a «ordonné au ministre de la Défense et au chef d'état-major de mettre les forces de dissuasion de l'armée russe en régime spécial d'alerte au combat».
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À quoi correspond la "force de dissuasion" russe ?
Les forces de dissuasion russes sont un ensemble d'unités dont le but est de décourager une attaque contre la Russie. Ces forces sont équipées de missiles, de bombardiers stratégiques, de sous-marins et de navires de surface. Sur le plan défensif, elles comprennent un bouclier antimissile, des systèmes de contrôle spatiaux, de défense antiaérienne et antisatellite.
Des armes nucléaires figurent parmi ces forces. "La force de dissuasion nucléaire russe s'appuie sur ce qu'on appelle la 'triade stratégique', soit des armes nucléaires stratégiques terrestres (missiles intercontinentaux), aériennes (missiles lancés depuis un bombardier) et sous-marines (missiles lancés par des sous-marins nucléaires lanceurs d'engins)", précise à franceinfo Jean-Sylvestre Mongrenier, chercheur associé à l'Institut Thomas-More et spécialiste des questions de sécurité en Europe.
Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, l'armée russe disposait de 6 375 armes nucléaires en 2019. A titre de comparaison, les États-Unis en possédaient 5 800, la Chine 320 et la France 290.
Des armes sont-elles prêtes à l'usage ?
les experts soulignent qu'une partie des armes nucléaires, en Russie comme au sein de l'Otan, sont de facto prêtes à l'usage en permanence.
"Elles peuvent être déclenchées dans les 10 minutes", explique Marc Finaud, expert en prolifération au Centre Politique de Sécurité de Genève (GCSP). "Soit ce sont des ogives déjà fixées sur des missiles, soit ce sont des bombes déjà à bord" des bombardiers et sous-marins.
Dans un article publié récemment dans le "Bulletin of the Atomic Scientists", les experts Hans Kristensen et Matt Korda affirment de leur côté que près de 1600 têtes nucléaires sont déployées et prêtes à l'usage.
"Dès lors que les forces stratégiques russes sont toujours en alerte, la vraie question est de savoir s'il a déployé plus de sous-marins ou armé les bombardiers", estimait dimanche sur Twitter Hans Kristensen.
Une escalade nucléaire?
Après différentes allusions de Vladimir Poutine à l'arme nucléaire, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a rappelé jeudi que l'Otan était "aussi une alliance nucléaire". Mais depuis dimanche, les pays occidentaux ont prévenu qu'ils ne souhaitaient pas s'engager dans une escalade nucléaire.
"Les Occidentaux ne veulent pas croire à un usage de l'arme nucléaire, car ces méthodes paraissent d'une autre époque, d'un autre monde. Si la menace se concrétisait, nous ne serions pas prêts", tranche auprès du Figaro Florent Parmentier, enseignant à Sciences Po et spécialiste de la géopolitique en Europe de l'Est.
Stratégie de Vladimir Poutine ?
Pour Gaspard Schnitzler, chercheur sur les questions de défense à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), cette mise en alerte est "surtout une stratégie de communication".
"C'est même totalement improbable, que la Russie ait recours à des armes nucléaires. Ça plongerait l'Europe dans un conflit comme elle n'en a jamais connu."
Source : Franceinfo