Un proche de Poutine rejoint le géant russe de la tech Yandex
Un proche de Vladimir Poutine, Alexeï Koudrine, a annoncé lundi avoir rejoint le groupe Yandex, joyau russe des nouvelles technologies, au moment où le Kremlin renforce sa mainmise sur le secteur numérique en plein conflit en Ukraine.
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Sans doute les deux à la fois. Yandex est d’abord le moteur de recherche favori de la population russe. Un outil indispensable au quotidien. Pour la multitude des services fournis, à l’instar de ce que fait Google dans le reste du monde occidental. C’est aussi l’une des très rares success story russe à l’international, consacrée par son entrée au Nasdaq, la bourse américaine des valeurs technologiques.
Mais la guerre a coupé net son élan. Sur le marché américain, son action a perdu 60% de sa valeur dans les jours qui ont suivi l’invasion de l’armée russe. La cotation a été ensuite suspendue. Son activité domestique continue, elle est même florissante, mais le futur de ses filiales dédiées à des activités d’avenir est incertain. Faute de pouvoir maintenir les partenariats avec les sociétés américaines dont elles dépendent pour la fourniture de serveurs ou de puces. La voiture autonome, le cloud, un service d’éducation en ligne et le data labelling sont les principales activités en cours de développement à l'international.
En juin son fondateur, Arcadi Volov, a été inscrit sur la liste noire de l’Union européenne. Parce que cette entreprise est jugée trop proche du Kremlin ?
Certainement. C'est par le canal de Yandex que sont diffusées les informations déformées sur la réalité de la guerre en Ukraine. Le moteur de recherche est de fait un puissant média pro Kremlin. Pour s'affranchir de cette réputation encombrante, Yandex a cédé son agrégateur d’informations pro-Poutine à VKontakt. Le grand réseau social russe est contrôlé par l'Etat.
Plusieurs milliers d'employés de Yandex ont quitté la Russie, pour travailler dans les filiales étrangères ou tout simplement pour fuir l’armée. Le directeur et le fondateur ont eux aussi démissionné après avoir été placé sur cette liste noire. Depuis qu’il a créé l’entreprise, il y a 25 ans, Arcadi Volov a toujours veillé à développer ses affaires en restant en bon terme avec Vladimir Poutine. Au prix de certaines concessions. Depuis 2019 le Kremlin a un droit de veto au sein du conseil d’administration du groupe (via un fonds souverain d’investissement stratégique). Arcadi Volov vit aujourd’hui en Israël et il souhaite surtout sauver du naufrage ce qui peut l’être encore, en scindant la société en deux entités.
Alexeï Koudrine sera chargé de gérer le Yandex russe
Cet homme du sérail a toute la confiance de Vladimir Poutine qu'il fréquente depuis les années 90, quand ils étaient tous les deux à Saint-Petersbourg. Il a toutefois gardé une certaine indépendance idéologique, avec des convictions assumées de libéral. Il a donc démissionné la semaine dernière de son poste de président de la cour des Comptes pour entrer chez Yandex. A terme, il devrait chapeauter l’entité russe qui comportera le moteur de recherche, et d'autres services très populaires dans la sphère russophone.
Arcadi Volov, qui détient 45% du capital de cette société basée au Pays-Bas, conservera une participation dans le Yandex russe. Il veut surtout garder la main sur les filiales les plus prometteuses qu’il souhaite développer à l’international dans une structure indépendante. Cela fait des mois que des tractations sont en cours entre le Kremlin, Alexei Koudrine et les dirigeants de Yandex. Pour le Kremlin, son contrôle est un enjeu de la guerre informationnelle. C’est aussi l’une des rares entreprises d’avenir que le pouvoir russe a intérêt à voir prospérer au moment où l'économie vacille sous la pression des sanctions.