Faillite de la Silicon Valley Bank : faut-il craindre un effet domino ?
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La faillite de la Sillicon Valley Bank (SVB) provoque des secousses dans l'univers de la tech. Celui-là même qui a été perturbé par la hausse des taux de la Fed. Beaucoup de déposants sont des start-ups (jeunes pousses), de petites entreprises, qui ont besoin de pouvoir accéder à leurs fonds pour payer leurs factures et qui emploient des dizaines de milliers personnes aux États-Unis.
Les cryptomonnaies dévissent
Dans le sillage de la SVB, le secteur des cryptomonnaies est également fortement touché. La cryptomonnaie USD Coin, dite « stable » car théoriquement indexée sur le dollar, considérée comme un des actifs les plus sûrs des cryptomonnaies, a dévissé brutalement. Son créateur, Circle, aurait laissé en dépôt 3,3 milliards de dollars dans les caisses de la banque en faillite SVB.
Pour éviter les pertes, certaines sociétés de cryptomonnaies initient en urgence les transferts de leurs fonds vers d’autres banques partenaires. L'effet de domino n'est pas à exclure, selon Jesse Powell, co-fondateur de Kraken, la plateforme d'échange de cryptomonnaies. Selon les experts, les effets de cette crise dépassent les États-Unis et pourraient avoir un impact significatif sur les industries crypto et technologiques du monde entier.
Éviter l'embrasement
Pour éviter l'embrasement des marchés et peut-être une crise aussi dévastatrice que celle de 2008, suite à la défaillance des banques de la tech, les autorités américaines ont frappé un grand coup : elles garantissent à tous leurs clients qu'elles retrouveront un accès total à leurs comptes dans la journée. Pourquoi la Silicon Valley Bank et la Signature Bank, l'autre banque défaillante, ont-elles échappé à la surveillance des autorités de régulation ?
Depuis 2008, les organes de régulation sont beaucoup plus réactifs. Ils surveillent les banques - dites systémiques - comme le lait sur le feu. Ce sont en général de très grandes banques avec des ramifications dans l'économie mondiale, c'est pourquoi on considère que tout le système financier pourrait sombrer dans leur déroute.
Nouvelle donne
Mais avec la Silicon Valley bank, qui n'est que la seizième banque américaine, on n'est pas dans cette catégorie. Or, on redoute pourtant la contamination. Car, entre temps, la donne monétaire a changé. La forte hausse des taux d'intérêts décidée par la réserve fédérale pour lutter contre l'inflation bouleverse les schémas classiques de financement des banques. Emprunter à court terme pour prêter à long terme comme ont l'habitude de faire les banques pour gagner de l'argent n'est plus toujours un pari gagnant.
La SVB ne s'est pas adapté à cette nouvelle donne et a annoncé des pertes la semaine dernière. Affolés, les clients se sont précipité à la banque pour retirer leur argent. Cette panique a donc transformé cette mauvaise passe en menace systémique.
Côté britannique, la branche locale de la banque californienne a été vendue à HSBC pour une livre symbolique. Un week-end de réunions et de négociations aura suffit pour parvenir à un accord. Les clients de SVB UK pourront donc accéder à leurs dépôts et à leurs services bancaires dès aujourd'hui. Cette transaction a été orchestrée par la Banque d'Angleterre, en coordination avec le Trésor et les autorités de régulation bancaire et des marchés britanniques, mais elle a été financée sur les « ressources existantes » de HSBC.
Acquisition « stratégique »
Vendredi, SVB UK détenait des prêts d'un montant d'environ 5,5 milliards de livres et des dépôts pour plus de 6,5 milliards de livres? selon les indications du géant bancaire britannique. Une acquisition « stratégique » pour le Royaume-Uni. Le directeur général d'HSBC estime que cet achat renforce la banque commerciale et améliore sa capacité à servir les startups - y compris dans la technologie et les biotechnolgies. L'opération enlève aussi un caillou dans la chaussure du gouvernement britannique. Le budget doit être présenté mercredi. Or, la pilule d'un plan de sauvetage du secteur de la technologie aurait sans doute eu du mal à passer alors que le gouvernement a assuré qu'il n'y avait plus de fonds pour aider la population face à l'inflation.