Les banques US à nouveau sous le feu des projecteurs
Les régulateurs du secteur bancaire américain ont reconnu vendredi 28 avril, au travers de rapports, un rôle dans la faillite de plusieurs banques régionales qui ont secoué le système financier en mars, et continuent d'avoir des répercussions.
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La Réserve fédérale (Fed) puis l'agence américaine des dépôts bancaires (FDIC) ont publié coup sur coup un rapport faisant le point sur leur approche face à la faillite de deux établissements, Silicon Valley Bank (SVB) et Signature Bank. Les deux institutions ont avant tout souligné un point essentiel : la faillite des deux banques est en premier lieu la conséquence d'erreurs des directions respectives, incapables de « gérer leurs risques » pour SVB, ou de « développer et maintenir des pratiques de gestion des risques adéquates » pour Signature Bank.
Les rapports prennent rapidement la forme d'un mea culpa de la part des deux organismes, qui admettent avoir leur part de responsabilité dans l'enchaînement des faillites qui ont fait trembler le système financier américain et continuent d'avoir des répercussions.
Très attendu, le rapport de la Fed sur SVB a donné le ton, admettant en premier lieu que les « superviseurs n'ont pas pleinement apprécié l'étendue des vulnérabilités » de la banque, à mesure que cette dernière gagnait « en taille et en complexité ». Quand bien même « les vulnérabilités ont été identifiées », son organisme de supervision n'a pas « réagi suffisamment pour s'assurer que SVB avait réglé rapidement les problèmes » soulevés. « La Réserve fédérale n'a pas su prendre les décisions suffisamment fortes qui étaient nécessaires », a reconnu le vice-président de la Fed, en charge de la supervision, Michael Barr, dans un courrier accompagnant le rapport.
La FDIC, l'agence qui assure les dépôts bancaires dans une certaine limite, admet pour sa part que « rétrospectivement », elle « aurait dû aller plus vite » et « avoir une communication plus efficace avec la direction de Signature Bank ». En cause cette fois, « des complications en termes de ressources relatives au personnel en charge de l'examen » des banques, qui ont « affecté la temporalité et la qualité » de la supervision de l'établissement. Signature Bank « aurait pu être plus mesurée dans sa croissance et mettre en place les pratiques nécessaires de gestion de risque, la FDIC aurait pour sa part dû mieux anticiper et être plus énergique dans sa supervision », reconnaît encore l'agence.
« Renforcer la supervision et la régulation »
Reste désormais à éviter qu'une telle situation se reproduise, alors que les banques régionales continuent d'être secouées, à l'image de la banque First Republic, dont l'action a perdu plus de 95% de sa valeur en deux mois, et coulait encore vendredi à Wall Street. Le rapport de la Fed propose ainsi une série d'actions à mettre en place par la banque centrale américaine, notamment en imposant un renforcement des réserves concernant les banques de taille moyenne.
Jusqu'ici, les États-Unis imposaient l'application des règles dites de « Bâle III », uniquement à ses plus gros établissements, une quinzaine au total. Ce vaste éventail de réformes internationales du secteur bancaire, a été engagé après la crise financière de 2008-2009 afin de renforcer la solidité des banques.
De nombreuses mesures ont été prises, mais certaines réformes doivent encore être finalisées, tout particulièrement aux États-Unis. Mais la faillite de plusieurs banques régionales, dans la foulée de la chute de SVB, et les difficultés que traverse aussi désormais First Republic, l'incitent à « renforcer la résilience du système financier et à ne pas se concentrer uniquement sur des risques spécifiques ». « Après la faillite de Silicon Valley Bank, nous devons renforcer la supervision et la régulation de la Réserve fédérale en nous basant sur ce que nous avons appris », a souligné Michael Barr, ajoutant que ce rapport était « la première étape de ce processus ».
Les propositions en ce sens sont prévues dans un second temps. Plus largement, le rapport rappelle néanmoins que le système financier américain reste « solide et résilient, avec un niveau de capital et de liquidité élevé », ajoutant que SVB était « une exception du fait de son modèle commercial très concentré ».