La BCE prudente, augmente de 0,25% ses taux d'intérêts
Jeudi, la Banque centrale européenne a décidé d’augmenter encore ses taux directeurs, mais de manière moins soutenue que précédemment.
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Les principaux taux directeurs ont été relevés de 0,25 point de pourcentage, la septième hausse depuis juillet 2022 et le début de la campagne de resserrement monétaire sans précédent en zone euro.
Une minorité de membres du Conseil des gouverneurs a plaidé sans succès pour une hausse de 0,50 point.
S'il s'agit du geste le plus modéré de la BCE depuis qu'elle a commencé son tour de vis, il ne faut pas en déduire que les gardiens de l'euro baissent la garde, a prévenu Christine Lagarde, la présidente de l'institution.
"Nous ne faisons pas de pause" dans la lutte contre l'inflation, a-t-elle assuré en conférence de presse.
"Nous avons couvert beaucoup de terrain au cours des neuf derniers mois et nous continuons. C'est un voyage. Nous ne sommes pas encore arrivés", a ajouté la Française, assurant que la BCE "a encore du chemin à faire".
Mme Lagarde laisse "la porte ouverte à de nouvelles hausses" de taux, selon Carsten Brzeski, chez ING.
Comme en mars, l'institution est restée prudente, sans donner d'indication claire sur la suite du "voyage" et sur l'évolution des taux qui continuera à dépendre des données économiques.
Le cycle de relèvement "va bientôt toucher à sa fin" malgré le lot d'incertitudes du moment, croit Frederik Ducrozet, chez Pictet Weath Management.
Les économistes tablent sur un taux de dépôt culminant entre 3,50% et 3,75% d'ici le creux de l'été.
Effet progressif
L'inflation en avril a navigué en zone euro encore bien au-dessus de l'objectif de 2% visé à moyen terme, regagnant 0,1 point de pourcentage, à 7,0%, après des mois de ralentissement, ont relevé les gardiens de l'euro.
Un ralentissement significatif n'est pas attendu à court terme, d'autant que "les pressions salariales se sont encore renforcées, les salariés récupérant une partie du pouvoir d'achat qu'ils ont perdu en raison de l'inflation élevée", a noté Mme Lagarde.
Signal plus positif : en excluant les prix d'énergie, de l'alimentation, du tabac et de l'alcool, l'inflation "sous-jacente" a reculé pour la première fois en un an, à 5,6% contre 5,7% en mars, selon Eurostat.
En renchérissant le crédit, la BCE veut freiner la demande de prêts immobiliers, à la consommation ou pour les investissements des entreprises et ainsi faire ralentir la hausse des prix.
Les taux d'intérêt de la BCE se situent désormais dans une fourchette comprise entre 3,25 et 4%, au plus haut depuis octobre 2008.
Cette politique commence à porter ses fruits : dans le secteur bancaire, les conditions d'octroi de prêts se durcissent comme jamais depuis la crise de la dette souveraine de 2011 et la demande de crédits s'en ressent, selon les dernières données de la BCE.
La faible croissance du Produit intérieur brut de la zone euro, de 0,1% au premier trimestre, atteste également la baisse de régime souhaitée par la BCE.
Mais "nous n'avons pas encore les répercussions complètes que nous souhaitons" pour arriver à l'objectif d'inflation à moyen terme, a souligné Mme Lagarde qui attend de constater davantage d'effets de ce renchérissement du crédit sur l'économie réelle.
Réduire le bilan
La banque centrale américaine, qui a démarré le resserrement monétaire plus tôt que son homologue européenne, a également modéré la cadence, augmentant mercredi son principal taux de 0,25 point de pourcentage, sans annoncer formellement de pause à venir.
L'autre chantier en cours à la BCE, la réduction du stock d'obligations publiques et privées acquises durant les années de basse inflation, va s'accélérer.
Le Conseil des gouverneurs va mettre fin, à partir de juillet, aux réinvestissements partiels des actifs acquis au titre du programme de rachat d'actifs (APP).
Cela portera à environ 25 milliards d'euros le rythme mensuel de baisse du bilan, contre 15 milliards depuis mars et jusqu’à fin juin. Cette mesure va contribuer à tendre les taux sur le long terme et participer ainsi à la lutte contre l'inflation.