L’agence de notation Fitch a abaissé ce mercredi 10 avril la perspective du crédit souverain de la Chine à négative, citant des risques croissants pour les finances publiques du pays. Une décision qualifiée de « regrettable » par Pékin.
L’agence de notation américaine justifie sa révision de perspective et indique qu’un déclassement à moyen terme est possible en raison des déficits budgétaires importants et de l’augmentation de la dette publique au cours des dernières années qui ont érodé les « coussins budgétaires ». Autrement dit, les risques pour les finances publiques sont plus importants dans une économie chinoise encore fortement dépendante de l’immobilier et en transition vers un modèle de croissance que le gouvernement considère comme plus durable.
Ce constat, évidemment, le ministère chinois de l’Économie ne le partage pas. Dans un communiqué largement repris par les médias d’État, l’autorité a aussitôt réagi, regrettant que Ficht n’ait pas vu que « la tendance positive à long terme de l’économie chinoise n’a pas changé, pas plus que la capacité et la détermination du gouvernement chinois à réduire les risques de manière ordonnée ».
Pour Pékin, les risques liés aux dettes des gouvernements locaux sont donc contrôlables et les médias officiels voient surtout que le pays conserve un A+ pour sa note de crédit, en raison dit l’agence financière de son « économie vaste et diversifiée », de son « rôle clé dans le commerce de marchandises mondial », de ses « finances extérieures robustes » et d’un yuan désormais monnaie de réserve.
En décembre dernier, Moody’s avait lancé un avertissement de déclassement sur la note souveraine chinoise, pointant déjà les dettes locales et la crise immobilière. Ce mercredi, certains sur les réseaux sociaux réagissaient avec humour à la protestation du ministère. « Ils auraient dû dire que Fitch n’a rien compris aux “nouvelles forces productives” [nouveau concept du président chinois pour relancer l’économie, NDLR] », ironisaient-ils.
À noter encore que le mois dernier, Pékin a fixé un objectif de croissance économique de 5 % pour 2024, un objectif ambitieux difficile à atteindre de l'aveu même des dirigeants. Fitch prévoit de son côté que la croissance chinoise ralentira à 4,5 % en 2024, contre 5,2 % l’an dernier.
RFI