Escroc sur Netflix comme dans la vraie vie en fuite
Deux gendarmes ont été blessés jeudi à Vidaillat, renversés par un Britannique qui s’avère être Robert Hendy-Freegard, escroc britannique, héros d’un documentaire Netflix
Table of Contents (Show / Hide)
Dans la Creuse, la réalité a rejoint la fiction. Depuis jeudi 25 août, un banal contrôle d’élevage canin dans un petit village a pris des allures de série télé. Cet après-midi-là, des fonctionnaires de la DETSPP, chargée entre autres de la protection animale, et des gendarmes se rendent dans un élevage de chiens, une trentaine de beagles, détenus par un couple de Britanniques à Vidaillat, un village de 180 habitants au sud de Guéret, pour transférer les animaux vers la SPA.
Au moment où la gendarmerie demande à l’homme ses papiers, celui-ci démarre son véhicule puis percute les deux militaires avant de prendre la fuite. « Un officier est toujours hospitalisé et présente une ITT de 21 jours. Une sous-officier a regagné son domicile et présente une ITT de six jours », a indiqué la préfecture vendredi 26 août au matin. L’Anglais est désormais recherché. Voici ce que l’on sait de lui.
Un escroc bien connu en Grande-Bretagne
Robert Hendy-Freegard, Britannique de 51 ans, est connu des services de police en Grande-Bretagne pour escroquerie en série. Il fait parler de lui dès 1993 en se faisant passer pour un espion des services secrets britanniques. Depuis, il vit sous plusieurs identités et use de ses capacités à séduire et persuader ses victimes, pour les isoler de leurs familles et vider leurs comptes bancaires. Grâce à ses arnaques, il aurait détourné plus d’un million de livres sterling.
Dans les années 1990, « il a prétendu être un agent du MI5, l’équivalent britannique de la DGSI en France. Il allait voir des étudiants, essentiellement des femmes, en leur disant qu’elles étaient menacées par l’IRA, les terroristes de l’armée républicaine irlandaise, et qu’il fallait qu’elles se coupent de toute leur famille, a raconté à France 3 Limousin Adam Sage, un correspondant à Paris du Times. Il arrivait à avoir un contrôle presque total sur leur vie. » Condamné en 2005, il est ressorti libre en 2009 selon le Times, et s’est installé quelques années plus tard en France.
Au cœur d’un documentaire sur Netflix
Robert Hendy-Freegard est au cœur d’un documentaire diffusé depuis janvier sur Neftlix. Réalisés par Sam Benstead et Gareth Johnson, les trois épisodes de The Puppet Master : Leçons de manipulation, racontent la traque d’un « cruel arnaqueur déguisé en espion britannique », qui « manipule et vole ses victimes, laissant des familles ruinées dans son sillage ».
Un frère et une sœur y racontent, entre autres, comment leur mère a été manipulée par Robert Hendy-Freegard (qui se faisait appeler David à l’époque), à partir de 2012. C’est elle qui vit actuellement avec lui à Vidaillat.
Son fils et sa fille la pensaient disparue, jusqu’à la diffusion du documentaire. « En début d’année, je suis entrée en contact avec sa fille en Angleterre, qui cherche sa maman depuis huit ans, raconte une voisine, retraitée, à l’AFP. C’est en regardant Netflix que j’ai fait le rapprochement. Ma petite-fille a écrit au producteur de Netflix et j’ai eu le contact de la fille » de la recluse. Vendredi, selon les voisins, la quinquagénaire est partie pour l’ambassade du Royaume-Uni, avec son fils, une cousine et un ami de son fils, présents jeudi dans le village.
Il maintenait sa compagne sous emprise
À Vidaillat, l’escroc s’était installé avec sa compagne dans une maison isolée, accessible après plusieurs lacets dans la forêt limousine. S’il ne s’y rendait que « très rarement », sa compagne y vivait « totalement recluse » et « complètement sous influence », selon la maire de la commune Martine Laporte.
« Les voisins ont très vite compris qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas »,indique l’édile. « Cela fait 4-5 ans qu’on sait que c’est une crapule », a raconté à un correspondant de l’AFP, Serge, un voisin de la maison de pierres habitée par le couple, aujourd’hui aux volets fermés.
Sa compagne, « au début, elle sortait et nous faisait un petit signe de la main comme la Reine d’Angleterre, puis elle nous a dit I don’t speak french + (je ne parle pas français) en partant en courant », ajoute-t-il.
« Elle vivait dans des conditions terribles, ne sortait jamais à part dans sa petite cour, elle en était réduite à manger des châtaignes crues et des croquettes », ajoute une autre voisine. Jeudi 25 août, l’élevage canin du couple faisait justement l’objet d’un contrôle sanitaire. « Cela fait deux ou trois ans que l’on tire la sonnette d’alarme, sans beaucoup de résultats, jusqu’à ce qu’on arrive à ce dénouement », regrette Martine Laporte.