Italie: Huit alpinistes retrouvés sains et saufs après l'effondrement d'un glacier
CANAZEI, Italie (Reuters) - Huit personnes portées disparues après l’effondrement d’une partie d’un glacier des Dolomites, dimanche en Italie, ont été retrouvées saines et sauves, rapportent mardi les médias italiens. Cinq autres personnes n’ont pas encore été localisées.
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Nul signe de vie sous la masse de roche et de neige, mais des morceaux de corps, des bagues et des tatouages pour identifier les victimes : les macabres recherches se sont poursuivies mardi sur les pentes de la Marmolada, le plus grand sommet des Alpes italiennes, deux jours après l’effondrement d’une partie de son glacier fragilisé par le changement climatique et des températures record.
Allemands, Italiens
La catastrophe a pour le moment fait sept morts et huit blessés, dont un est sorti mardi de l’hôpital. Le nombre de personnes portées disparues par leurs proches, mais dont la présence au moment où le glacier a rompu n’est pas confirmée à ce stade, est passé mardi d’une douzaine à cinq, toutes de nationalité italienne.
Une chapelle ardente a été installée dans l’enceinte de la patinoire de Canazei, la localité en aval du glacier où est également basée l’unité de crise coordonnant les recherches. Les familles et proches des victimes peuvent ainsi leur rendre hommage.
Parmi les blessés, deux Allemands, un homme de 67 ans et une femme de 58 ans, se trouvent toujours dans un état grave.
Les secouristes ont déployé des drones équipés de caméras thermiques et des hélicoptères pour survoler la zone mais ils espèrent être en mesure de retourner à pied sur le glacier à partir de mercredi, a indiqué le président de la région de Trente, Maurizio Fugatti, lors d’une conférence de presse mardi soir à Canazei.
Radars et unités cynophiles
Pendant ce temps, le macabre travail d’identification des alpinistes ayant péri sur la Marmolada se poursuit. « Les découvertes importantes, pas seulement des os, sont d’abord photographiées, puis récupérées et prises en charge par un hélicoptère » et acheminées à Canazei où elles sont « répertoriées et stockées dans une chambre froide », a précisé Maurizio Dellantonio, citant notamment « des os avec des bouts de chair, un morceau de main avec une bague, des tatouages, tout ce qui peut contribuer à identifier une personne », y compris des chaussures, des sacs à dos ou des piolets.
Des techniciens spécialisés sont, en outre, mobilisés pour installer près d’un refuge « des radars en mesure de détecter des mouvements très rapides, comme des avalanches, et plus lents, comme des glissements de terrain », a indiqué sur place Nicola Casagli, professeur de géologie appliquée à l’université de Florence cité par l’agence AGI.
La catastrophe, survenue au lendemain d’une température record de 10°C au sommet du glacier, en pleine vague de chaleur précoce sur la péninsule italienne, « symbolise les tragédies si nombreuses que le changement climatique non maîtrisé entraîne dans tant de régions du monde », a commenté mardi le président italien Sergio Mattarella.
Deux Tchèques parmi les victimes
Seuls trois des sept alpinistes tués ont été identifiés, mais leur nationalité n’a pas été dévoilée par les autorités italiennes. Le ministère tchèque des Affaires étrangères a néanmoins confirmé que deux de ses ressortissants figuraient parmi eux.
Le parquet de Trente a ouvert une enquête pour déterminer les causes de cette tragédie. Certaines familles accusent les autorités d’avoir laissé le glacier ouvert alors que les conditions d’ascension étaient manifestement périlleuses.
« Pourquoi personne n’a prévenu samedi que l’eau s’infiltrait sous le glacier ? Pourquoi n’ont-ils pas empêché les personnes de monter ? », s’interrogeait mardi la sœur d’une Italienne portée disparue. « Si quelqu’un est responsable, nous irons jusqu’au bout », a-t-elle ajouté.
« Il s’agit d’un événement exceptionnel, sinon unique. Il y avait aussi des guides alpins sur le glacier qui connaissent bien la situation », a répondu Maurizio Fugatti.
« C’est un phénomène rare, très difficile à prévoir, qui s’est produit en raison d’un contexte climatique altéré », explique le géologue Nicola Casagli, expert en suivi des mouvements de terrain, au « Corriere della serra ». « Cet événement est déjà devenu une étude de cas dans la communauté scientifique, j’espère qu’il le deviendra aussi pour les institutions car le problème du changement climatique n’a jamais été mis à l’agenda politique de notre pays ».
La Marmolada, surnommé « la reine des Dolomites », est le plus grand glacier de ce massif montagneux du nord de l’Italie, faisant partie des Alpes.
Selon le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) paru le 1er mars, la fonte des glaces et neiges est l’une des dix menaces majeures causées par le réchauffement climatique, perturbant les écosystèmes et menaçant certaines infrastructures.