Le Covid, l’espérance de vie a chuté de plusieurs années
Selon une étude réalisée dans vingt-neuf pays développés, dont vingt-sept en Europe, la chute atteindrait des niveaux jamais observés depuis la seconde guerre mondiale.
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La baisse de l’espérance de vie causée par la pandémie de Covid-19 affectait toujours de nombreux pays du monde en 2021, rapporte une étude publiée dans la revue Nature Human Behaviour. Les Etats-Unis, le Chili et l’Europe de l’Est en particulier continuent leur dégringolade, tandis qu’au contraire la France et quelques pays voisins d’Europe occidentale semblent avoir remonté la pente.
Le choc de mortalité le plus grave depuis la Seconde Guerre Mondiale
“La pandémie de Covid-19 a déclenché une hausse sans précédent de la mortalité qui s'est traduite par des pertes d'espérance de vie dans le monde entier”, dépeignent les auteurs dans la publication, “à quelques exceptions près”. C’est même le “choc de mortalité le plus grave” à l’échelle du globe depuis la Seconde Guerre Mondiale, précisent-ils. En examinant les modifications de l’espérance de vie dans 29 pays depuis 2020 en fonction de l’âge et du sexe, les chercheurs démontrent des divergences importantes sur les impacts de la pandémie en 2021. “Alors que les pays d'Europe de l'Ouest ont connu des rebonds par rapport aux pertes d'espérance de vie de 2020, l'Europe de l'Est et les États-Unis ont enregistré des déficits d'espérance de vie importants et durables”, pointent-ils.
Bulgarie, Slovaquie et Etats-Unis perdent le plus en espérance de vie
Sur le podium figurent la Bulgarie, qui a perdu 43 mois d’espérance de vie entre 2019 et 2021, suivie par la Slovaquie (-33 mois) et les Etats-Unis (-28 mois). A la différence des deux premiers pays dont la chute s’est poursuivie en 2021, la puissance d’Amérique du Nord a majoritairement perdu en 2020, avec un net ralentissement en 2021. “La crise du Covid-19 a déclenché un choc de mortalité qui s'est traduit par des baisses d'espérance de vie en 2020 d'une ampleur jamais observée dans l'histoire récente des pays à haut revenu”, observent les chercheurs.
La France retrouve quasiment son espérance de vie pré-pandémique
Quant à la France, elle figure aux côtés de la Belgique et de la Suisse parmi les 13 pays ayant partiellement ou totalement rebondi, avec une perte d’espérance de vie de 6 mois en 2020, quasiment compensée en 2021. Un rebond “principalement ou uniquement en raison de la normalisation de la mortalité au sein de la population âgée”, tout en “évitant le déplacement de la charge de mortalité vers les plus jeunes, comme cela a été le cas dans d'autres pays en 2021”, précisent les scientifiques. En France, comme dans 19 autres pays d’Europe ainsi que le Chili, c’est en effet la surmortalité des 60 ans et plus qui “a été le principal ou l'unique contributeur à ces pertes”.
“Seuls quelques rares pays n'ont pas enregistré de baisse de l'espérance de vie en 2020, notamment la Norvège, le Danemark, la Finlande (pour les femmes uniquement), la Nouvelle-Zélande et l'Australie”, énumèrent les chercheurs. Seule la Norvège surpasse son espérance de vie de 2019.
L’importance de la vaccination
C’est la vaccination et les mesures barrières qui ont fait la différence, concluent également les chercheurs. En particulier, les pays au taux de vaccination plus élevé en novembre 2021 montraient une moindre perte d’espérance de vie pour tous les groupes d’âge. La Bulgarie avait en particulier un taux de vaccination particulièrement faible. Aux Etats-Unis, la population adulte 50 à 65 ans a également mis du temps à se vacciner, avec seulement 67% fin 2021 contre 82% des plus âgés. Certaines comorbidités importantes du Covid ont également pu faire la différence, la population américaine étant particulièrement touchée par l’obésité et le diabète par rapport à l’Europe. L’évolution de l’espérance de vie après 2021 devrait continuer à diverger de pays en pays, extrapolent finalement les chercheurs. “Il est plausible que les pays dont les réponses en matière de santé publique sont inefficaces connaissent une crise sanitaire prolongée induite par la pandémie, avec des stagnations à moyen terme dans les améliorations de l'espérance de vie”, là où d’autres parviennent à une récupération “plus douce” pour revenir aux tendances pré-pandémiques.