Médecins généralistes, gynécos, ophtalmos, pédiatres... Dans une étude publiée mardi 8 novembre, l'UFC-Que Choisir pointe l'ampleur de la désertification médicale et préconise de réguler l'installation des praticiens et de mettre un terme aux dépassements d'honoraires. L'association de défense des consommateurs a élaboré une carte interactive de la "fracture sanitaire" pour les médecins généralistes mais aussi trois spécialités dites "d'accès direct", c'est-à-dire pour lesquelles le rendez-vous n'est pas conditionné à une consultation préalable chez le médecin traitant : les pédiatres, les gynécologues et les ophtalmologues.
Le constat du "déplorable accès géographique et financier aux soins en France" est sans appel. "Un quart des femmes et un quart des enfants vivent respectivement dans un désert médical gynécologique et un désert médical pédiatrique", déplore l'association. Elle qualifie de "désert médical" les zones où la densité médicale est "au moins 60% inférieure à la moyenne nationale". "Quant à l'accès à un médecin généraliste, clé de voûte du système de soins en France, il est particulièrement difficile pour pas moins de 15,3 millions d'habitants de notre pays", ajoute-t-elle. Un chiffre bien supérieur à ceux avancé par le ministère de la Santé qui estimait en 2018 entre 3,7 millions et 7,4 millions le nombre de Français vivant dans une zone sous-dotée en généralistes.
Pour mener son étude, l'UFC-Que Choisir a croisé deux critères : l'éloignement géographique des médecins (accessibles à moins de 45 minutes de route) et les tarifs pratiqués (dépassements d'honoraires ou non). Il apparaît ainsi que "lorsque l'on ne prend en compte que l'accès aux médecins ne pratiquant pas de dépassements d'honoraires, la pénurie de médecins croît de manière affolante".
L'association remet en cause les mesures d'incitation à l'installation menées par les pouvoirs publics depuis 15 ans. Elle demande aux législateurs de ne plus permettre aux médecins de s'installer en zones surdotées "à l'exception du secteur 1 (tarif de la Sécurité sociale) quand la situation l'exige", de fermer l'accès au secteur 2 (à honoraires libres) et de supprimer les aides publiques aux médecins ne respectant pas le tarif de la Sécurité sociale.