C'était il y a trois ans exactement. Le 24 janvier 2020, Agnès Buzyn, alors ministre de la Santé, annonçait les deux premiers cas confirmés de Covid-19 en France. Un troisième était déclaré dans la journée. Depuis, les confinements, les déconfinements, les vagues épidémiques, les campagnes de vaccination et rappel se sont succédé. Mais qu'a-t-on vraiment appris de la pandémie de Covid-19?
"Inutile" était le mot utilisé par Olivier Véran le 4 mars 2020 pour décrire l'usage des masques pour toutes les personnes n'étant pas positives au Covid-19, vulnérables face à cette maladie ou des professionnels de santé. Il y a quelques mois, il faisait son mea-culpa, déclarant au Parisien que "la vérité, c’est que, sur les masques, nous nous sommes trompés, ni plus ni moins".
Pour l'infectiologue Benjamin Davido, il s'agit d'une leçon qui sera probablement retenue: "on ne referait pas la même erreur demain, le mot 'masque' est rentré dans le vocabulaire".
"Dans la population, il y a une plus grande sensibilité aux réflexes de santé publique comme le port du masque ou le lavage de mains", abonde le sociologue des politiques de la santé Daniel Benamouzig.
"Tout le monde sait ce qu'est un masque et quand il faut le mettre. La grande inconnue est de savoir si cela va persister", ajoute le directeur de recherche au CNRS.
De meilleurs outils de surveillance
Celui qui a fait partie du Conseil scientifique concernant le Covid-19 estime que la pandémie a également mis au jour le fait qu'"une fraction de la population est réticente à ces enjeux de santé publique, sur la question de la vaccination, des libertés ou de la défiance envers les pouvoirs publics".
Il note aussi une "sensibilisation beaucoup plus forte des élues", au niveau local notamment, sur les enjeux de santé publique et une diffusion de l'idée que ces derniers "relèvent de la responsabilité de l'État".
Les outils de surveillance épidémiologique ont également été "mis en éveil" avec le Covid-19, souligne Benjamin Davido, infectiologue à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches. Début 2020, "on n'avait pas ce savoir-faire de la surveillance des agents infectieux" puisque les dernières alertes comme H1N1, Ebola, ou le SRAS ont finalement peu touché la France.
Pas assez de prévention
Pour autant, l'infectiologue estime qu'"on serait capables de réitérer les mêmes erreurs". Prenant l'exemple de la variole du singe, il note que "le temps de réaction a été long, on a eu du mal à être dans l'anticipation. Pourtant, on avait les tests PCR, le vaccin, on avait intégré le fait de tester des personnes asymptomatiques, et tous les pays ont quand même hésité".
Alors que le premier cas en France a été confirmé le 19 mai 2022, la vaccination préventive n'a été proposée qu'après l’avis de la Haute autorité de santé du 8 juillet 2022.
Les différents spécialistes interrogés par BFMTV.com s'accordent sur le fait que malgré trois ans d'épidémie de Covid-19, des progrès restent à faire sur l'anticipation et la prévention de ce type d'événement. Pour Alice Desbiolles, médecin de santé publique et autrice du livre Réparer la santé, "il faudrait plus insister sur la prise en compte globale de santé et la prévention des facteurs de risques, sur le plan environnemental par exemple".
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