DOSSIER. Variole du singe : la nouvelle épidémie qui commence à inquiéter le monde
NOUVEAU VIRUS. Plusieurs cas de variole du singe émergent dans le monde depuis début mai, dont en France. Le taux de mortalité lors des flambées en Afrique s'est établi entre 1% et 10%. Symptômes, mode de transmission, cause, mortalité, risque : tout savoir sur le virus de la variole du singe.
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Aujourd'hui, 260 cas de variole du singe, dont 177 confirmés, ont été rapportés par 18 pays où le virus ne circulait pas à l’état endémique. La maladie se propage et inquiète, à tel point que la Belgique a décrété un isolement total de trois semaines des personnes infectées.
Si l'épidémie de Covid-19 avait pris le monde de court, la situation n'est pas la même pour la "monkeypox". À l’instar du modèle belge, la France doit-elle dès à présent acter un isolement des personnes atteintes de la variole du singe ?
De nombreux spécialistes craignent une épidémie de variole du singe. Alors qu'en Espagne, 200 cas sont suspectés et recensés, l'isolement des personnes porteuses de la maladie pourrait être la solution : "Ce qui est important dans ce contexte, c’est de pouvoir assurer un 'contact tracing' [un repérage des personnes contact] le plus efficace possible, identifier les patients infectés pour bloquer les chaînes de transmission de façon précoce et éviter d’offrir une opportunité au virus d’évoluer", assure Etienne Decroly, virologue et chercheur au CNRS.
Une prise en charge rapide de la maladie permettrait en effet d'éviter une épidémie comparable à celle du Covid-19 : "Le nombre de cas [de variole du singe] double désormais tous les 4 jours dans le monde. On peut penser qu’une épidémie est en train de se développer. Et on sait que, dans ces situations, plus on agit rapidement au niveau local et international, plus on est efficace", affirme Antoine Flahault, épidémiologiste et directeur de l’Institut de santé globale de l'université de Genève, interrogé par La Dépêche.
Le manque de réactivité des autorités sanitaires avait permis à l'épidémie de Covid-19 d'atteindre un stade critique."Tous les pays aujourd’hui devraient prendre très au sérieux l’alerte constituée par la variole du singe, jusqu’à ce que l’on démantèle toutes les chaînes de contaminations, ce qui reste possible à réaliser encore aujourd’hui", reprend Antoine Flahault.
En préconisant un confinement strict des personnes infectées, une épidémie est évitable : "Il faudrait que tous les pays d’Europe se dirigent rapidement vers un modèle de riposte similaire à celui préconisé aujourd’hui par la Belgique.", poursuit-il.
Un isolement prématuré ?
Se contenter de dispositif comme une "déclaration obligatoire et des messages d’informations et d’alertes, adressés aux professionnels de santé", est-il suffisant ? Pas du tout pour le professeur Flahault : "Si l’on se rend compte dans quelques semaines que cette souche de virus était totalement anodine, on pourra relâcher nos efforts. Aujourd’hui, on n’en sait encore pas suffisamment sur sa transmissibilité, ses modes de transmission, sa virulence, pour se permettre de laisser filer l’infection sur n’importe quel territoire dans le monde. Il faut tout faire pour tenter d’en bloquer la progression", précise-t-il.
Pour l'heure, les autorités sanitaires françaises n'ont pas encore donné de consignes concernant un isolement à venir. Si cette éventualité se présentait, "nous avons quelques outils thérapeutiques à disposition comme la vaccination des patients contacts, et des molécules thérapeutiques prometteuse qui sont en cours de développement", rappelle Etienne Decroly. Une première étape a déjà été franchie ce mardi par la Haute autorité de santé qui recommandent de vacciner les adultes dont le contact avec une personne infectée est considéré comme à risque.