Sommeil : pourquoi les personnes âgées dorment-elles moins que les jeunes ?
Une étude menée par une équipe de chercheurs américains, parue le 25 février dans la revue Science montre que la dégradation d'un certain type de neurotransmetteurs stimule l'activité du cerveau et dégrade le sommeil.
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Les années passant, le sommeil se dégrade. C'est ce que vient de confirmer une étude menée par une équipe de chercheurs américains et parue le 25 février dans la revue Science.
"Plus de la moitié des personnes de plus de 65 ans se plaignent de la qualité de leur sommeil", a souligné Luis de Lecea, professeur à l'université de Stanford et co-auteur de l’étude, à l'AFP. Il rappelle par ailleurs que le manque de sommeil est associé à des risques accrus : d’hypertension, d’arrêts cardiaques, de diabète ou encore de dépression.
Dans le cadre de leurs travaux, les chercheurs ont donc voulu comprendre pourquoi la qualité du sommeil diminuait avec l'âge. Pour ce faire, ils ont étudié les circuits du cerveau qui interviennent dans le sommeil, et la façon dont ils se dégradent au fil des années (chez des souris).
La qualité du sommeil diminue avec l'âge, cependant, les mécanismes sous-jacents restent insaisissables. Nous avons découvert que les neurones hypocrétine/orexine hyperexcitables entraînent la fragmentation du sommeil au cours du vieillissement, résument-ils.
Des neurotransmetteurs dégradés en cause
L'équipe s'est en effet intéressée aux hypocrétines, des neurotransmetteurs produits par une petite partie des neurones du cerveau et présents au nombre de 50 000 (soit une petite quantité par rapport aux autres qui se comptent en milliards).
Elle a choisi de les analyser plus spécifiquement, car de précédents travaux avaient déjà démontré que leur dégradation pouvait entraîner une narcolepsie chez certains patients et un besoin de sommeil très élevé. Autrement dit, les hypocrétines seraient liées à la qualité du sommeil : plus on en a, mieux on dort (et inversement).
Les chercheurs ont ainsi sélectionné des souris jeunes (trois à cinq mois) et âgées (18 à 22 mois), avant d'utiliser de la lumière pour stimuler des neurones spécifiques. Conclusion ? Les souris plus âgées avaient perdu environ 38 % d'hypocrétines par rapport aux jeunes.
D’autre part, les scientifiques ont observé que les hypocrétines qui persistaient chez les souris âgées s’activaient plus facilement quand elles étaient stimulées. Un phénomène qui explique donc la moindre qualité du sommeil :
Les neurones tendent à être davantage actifs et à s'allumer plus, et si c'est le cas, vous vous réveillez plus fréquemment, a expliqué Luis de Lecea.
Un premier pas vers des traitements plus ciblés ?
Selon ses auteurs, cette étude pourrait permettre de mettre au point de nouveaux traitements, plus ciblés, pour les personnes qui souffrent de troubles du sommeil. À terme, donc, ces travaux pourraient mener à une avancée majeure, d’autant plus que les médicaments actuels (principalement des somnifères) "peuvent conduire à des difficultés cognitives ou des chutes", a rappelé Luis de Lecea.