Remontés contre un budget 2023 de la Sécu "injuste" qui leur impose 250 millions d'euros d'économies pérennes, les biologistes et les groupes de laboratoires d'analyses ont évoqué vendredi la possibilité d'une "grève générale" en "ultime recours".
Les biologistes refusent le prélèvement.
"Oui pour participer à l'effort de guerre, non s'il s'agit de payer seuls le "quoi qu'il en coûte"", a déclaré Alain Le Meur, président de l'Alliance pour la biologie médicale, lors d'une conférence de presse.
En cause, le "projet d'austérité injuste et dangereux" du gouvernement, qui prévoit dans son projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2023 une baisse pérenne des tarifs des biologistes, à hauteur de 250 millions d'euros par an.
Une mesure justifiée par les marges des laboratoires, déjà élevées avant le Covid, et encore accrues pendant la pandémie. Selon les données de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam), le chiffre d'affaires de la profession a bondi de 85% entre 2019 et 2021 à plus de 9 milliards d'euros. Grâce notamment aux tests Covid, la rentabilité du secteur quant à progressé de 20% en 2020 avec un taux de marge de 23%.
Une grève générale envisagée
La profession a bien tenté de faire passer des amendements pour limiter la ponction à la seule année 2023, mais ceux-ci ont été rejetés en commission à l'Assemblée cette semaine.
Au contraire, les députés ont ajouté une contrainte pour les obliger à "maintenir leurs différents sites sur le territoire" malgré ce coup de rabot.
"Ce n'est pas la réponse que nous attendions", a réagi François Blanchecotte, président du Syndicat des biologistes, affirmant que la profession pourrait prochainement "fermer des sites, arrêter de transmettre les résultats de tests Covid, voire initier un mouvement de grève".
"Ce serait notre ultime recours, si nous n'arrivions pas à dialoguer avec le gouvernement", a tempéré Aurélie François, dirigeante du groupe de laboratoires Eurofins. "En fonction de sa réponse, nous mettrons en oeuvre une grève générale à l'issue du vote" du budget de la Sécurité sociale, a-t-elle toutefois ajouté.
"Nous sommes unis et déterminés à aller jusqu'au bout", a insisté Thomas Hottier, directeur général du groupe Inovie.
Un état d'esprit partagé par Les Biologistes Indépendants (LBI), réseau regroupant quelque 600 sites n'appartenant pas aux grands groupes du secteur. "Nos actions seront coordonnées", assure son directeur Charles Pax, qui prévoit dans un premier temps de "distribuer des tracts aux patients que nous recevons chaque jour".
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