Le sport, un thème oublié de la campagne présidentielle
Malgré des JO à Paris dans deux ans, le sport reste absent des débats de l'élection présidentielle, une constante pour une thématique peu clivante, qui n'a jamais vraiment été au coeur du débat politique.
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« Je sais qu’entre le Covid et l’Ukraine, ce n’est pas évident de parler de sport en ce moment. Finalement, cela arrange peut-être les candidats. Pourtant, avec plus de sport, il y aurait peut-être moins de vente de médicaments », se désole un athlète de haut niveau joint par RFI, qui a déjà participé aux Jeux olympiques de Rio en 2016.
« La place du sport doit changer »
Si la guerre en Ukraine monopolise bon nombre de sujets en France depuis plusieurs jours étouffant inévitablement le débat politique, le sport semblait de toute façon ne pas avoir trouvé sa place, aussi minime soit-elle, lors de cette élection présidentielle.
Et malgré des JO à Paris en 2024, le sport reste le parent pauvre de la politique, une constante pour une thématique peu clivante. Ces dernières années, les thématiques de l’élection présidentielle ont souvent tourné autour de la sécurité ou de l'économie. « Le problème, c'est que si on suit ce raisonnement, il ne faut pas non plus parler culture, recherche ou justice parce que cela ne fait pas partie des priorités des Français », s'est exaspérée la communiste Marie-George Buffet, ancienne ministre des Sports de Lionel Jospin (PS).
Mi-mars, seuls trois candidats ont répondu présent au « grand oral sport » organisé par le Comité national olympique sportif français (CNOSF). Le communiste Fabien Roussel, l'écologiste Yannick Jadot et la socialiste Hidalgo ont présenté leur programme sport, tandis que la candidate LR Valérie Pécresse a fait défection la veille au soir. Les trois candidats présents ont plaidé en faveur du retour d'un ministère des Sports « de plein exercice », et non pas rattaché au ministère de l'Éducation nationale comme actuellement, et d'une augmentation du budget dédié au sport.
« Les politiques aiment les grandes victoires et surfent dessus »
« Si on veut être positif, le monde du sport fait des propositions, mais le grand oral a été un fiasco. Pour une nation qui va accueillir les Jeux, ce n’est pas bon signe. Il aurait fallu inviter les porteurs du programme sport de chaque candidat », commente pour RFI Vincent Chaudel, cofondateur de l'Observatoire du sport business. « Les politiques aiment les grandes victoires et surfent dessus. J’imagine que tous se sont réjouis de la victoire en rugby du XV de France qui a obtenu le Grand Chelem aux Tournoi des Six Nations », ajoute Vincent Chaudel. « À deux ans des Jeux olympiques, la place du sport doit changer. Nous avons une occasion unique de faire de la France une nation sportive », a dit Brigitte Henriques, présidente du CNOSF.
Alors que Paris 2024 approche à grands pas, Emmanuel Macron, candidat à sa propre succession, n’a pas prononcé le mot sport durant la présentation de son programme à Aubervilliers le 17 mars, lors d’une conférence de presse devant 120 journalistes. L’exercice a duré environ quatre heures. Le président de la République ne s'était pourtant pas gêné pour lancer une pique aux athlètes français après les derniers de Jeux olympiques de Tokyo. « Le bilan n'est pas tout à fait celui que nous attendions », avait-il lancé le lundi 13 septembre devant les médaillés olympiques. L'équipe de France est en effet restée à Tokyo en deçà de ses objectifs et de ses standards avec 33 médailles après les 42 de Rio 2016. « On doit faire beaucoup plus, parce que ce sont nos Jeux, à la maison, on est attendu », avait-il ajouté tout en indiquant que l'État ne ferait pas défaut pour soutenir les sportifs français.
Lors de son premier meeting de campagne à Poissy, Emmanuel Macron avait évoqué la généralisation des 30 minutes d'activité physique à l'école pour les 6-12 ans à la rentrée prochaine, un dispositif expérimenté depuis deux ans.
330 000 emplois dans le secteur sportif
Dans les programmes des douze candidats, quelques lignes apparaissent toutefois ici et là, avec d'énormes disparités, la candidate LR Valérie Pécresse et le candidat des Verts Yannick Jadot se démarquant des autres par des propositions plus étoffées.
Les questions de politique publique du sport n'ont jamais occupé le premier plan. Pourtant, dans un récent sondage BVA, près d'un tiers des Français souhaiterait que le sport soit un thème de campagne. En France, le sport compte plus de 18 millions de licenciés, selon les chiffres 2018 donnés par le CNOSF. La crise du Covid-19 a entraîné une chute de 20 % à 30 % du nombre de licenciés que les clubs peinent désormais à reconquérir. La force du monde sportif français est de pouvoir se reposer sur des bénévoles. Mais c’est de plus en plus difficile et la crise sanitaire n’a pas arrangé la situation.
Selon le groupement d’intérêt économique France Sport Expertise, qui représente les entreprises du secteur, le secteur du sport en France génère 330 000 emplois, pour un chiffre d’affaires de 77,7 milliards d'euros.