Tour d'Espagne: Sepp Kuss, le domestique devenu roi
Si la formation Jumbo-Visma occupe les trois premières places du classement général de la Vuelta, le directeur sportif Grischa Niermann a assuré que Sepp Kuss, Jonas Vingegaard et Primoz Roglic n'étaient pas tenus par des consignes d'équipe, tant qu'ils ne se mettent pas en difficulté.
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Le Tour d’Espagne est indécis, avec trois coureurs de l’équipe Jumbo-Visma aux trois premières places. L’Américain Sepp Kuss, leader, devance Jonas Vingegaard de 8’’ et Primoz Roglic de 1’08’’. Alors qu’il reste quatre étapes seulement dont une de montagne, ce jeudi, quelle stratégie adopter ? Bernard Hinault, quintuple vainqueur du Tour et qui a connu ce genre de situation pour sa dernière année sur la Grande Boucle, donne son sentiment. Selon lui, il n’y a pas à hésiter…
Ces derniers jours de Vuelta offrent un sacré suspense. Qui l’emportera à Madrid dimanche ? L’Américain Sepp Kuss, de l’équipe Jumbo-Visma, devance deux équipiers, le Danois Jonas Vingegaard pour 8 secondes, et le Slovène Primoz Roglic pour 1’08’’. Alors qu’il ne reste qu’une vraie étape de montagne ce jeudi, entre Pola de Allande et La Cruz de Linares, la question est de savoir quelle sera la stratégie au sein de la formation néerlandaise ? Vont-ils « laisser » la victoire finale à Sepp Kuss, équipier modèle, qui dispute son troisième grand Tour de la saison et qui est en train de signer un Tour d’Espagne ahurissant ? Ou vont-ils plutôt miser sur l’un de leurs deux leaders supposés au départ, Vingegaard ou Roglic, qui apparaissent supérieurs en montagne ces derniers jours et prêts à passer devant Kuss au général ?
Cette interrogation, nous l’avons posée à Bernard Hinault, quintuple vainqueur du Tour, deux fois de la Vuelta, qui s’est retrouvé dans une situation à peu près similaire en haut du classement d’un grand Tour avec l’un de ses équipiers. C’était à la fin de sa carrière, en 1986, quand Greg LeMond avait remporté la Grande Boucle devant le « Blaireau », après l’avoir aidé l’année d’avant à décrocher son cinquième sacre.
« Si Kuss n’avait pas été là, auraient-ils gagné aussi facilement sur le Tour et le Giro ? »
« Moi, si j’étais à leur place, je ferais gagner Sepp Kuss, confie Bernard Hinault. Sans hésiter. Il a rendu des services incroyables à Vingegaard et Roglic depuis des années, ce serait une manière de récompenser ça. Ce serait dommage qu’ils se jouent la victoire entre eux au final et oublient Kuss. Lui donner la victoire, ça me paraîtrait normal. S’il est encore là à cette position à quatre jours de la fin, il n’a rien volé à personne, c’est qu’il mérite de gagner aussi, donc maintenant que cette possibilité est là, que Vingegaard et Roglic se souviennent des coups de main qu’il leur a donnés plusieurs fois. Si Kuss n’avait pas été là, auraient-ils gagné aussi facilement sur le Tour et le Giro ? »
Et le Costarmoricain de se souvenir de 1986. « Moi, c’est ce que j’ai fait sur le Tour cette année-là. À la fin du Tour 1985, j’ai dit que j’allais travailler pour Greg en 1986. Il m’avait beaucoup aidé. C’était naturel. Et l’année d’après, Greg a été chercher son Tour. Je ne lui ai pas donné, hein, il est allé le chercher, j’ai fait tout à fond, les chronos… » Sur cet épisode de 1986, il avait aussi raconté : « J’avais donné ma parole à Greg cet été-là, je n’avais qu’une chose à faire, c’est de respecter ma parole. Je ne voulais pas revenir dessus. »
C’est peut-être ce qu’il manque à Jumbo-Visma sur ce Tour d’Espagne : de la clarté dans le choix. Sur l’étape de mercredi, à l’Angliru, cela s’est vu, quand Vingegaard et Roglic ont continué d’accélérer quand Kuss a été distancé. À l’issue de la journée, pourtant, Jonas Vingegaard a déclaré : « Je suis heureux que Kuss garde le maillot. J’adorerais qu’il gagne ce Tour d’Espagne. » Doit-on le croire ? Réponse ce jeudi. Selon Bernard Hinault, en tout cas, « qu’ils se débrouillent ! Ce n’est pas aux dirigeants de trancher, c’est entre coureurs que ça doit se décider, selon moi. »