Montée des eaux : des centaines de villes menacées de disparaître d'ici la fin du siècle
Plusieurs grandes villes des quatre coins du globe risquent d'être submergées dans les prochaines décennies à cause de l'élévation du niveau de la mer.
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Les experts estiment que, pour le moment, les températures sont en bonne voie pour augmenter de 3 °C d'ici 2100. L'une des conséquences de ce réchauffement climatique est déjà visible, et risque de l'être encore davantage avec les années : l'élévation du niveau de la mer dans le monde. Plusieurs grandes villes des quatre coins du globe risquent ainsi d'être submergées dans les prochaines décennies.
Le constat des scientifiques est glaçant : avec la fonte des glaces au Groenland, même si le réchauffement climatique s'arrêtait aujourd'hui, la forte hausse du niveau des océans serait inévitable. Selon leurs prévisions, le phénomène devrait entraîner, quoiqu'il arrive, une augmentation de 27,4 centimètres du niveau de la mer d'ici à 2100. Et ce ne serait que le haut de l'iceberg, car tous les facteurs responsables de la montée des eaux n'ont pas été pris en compte : les différents modèles climatiques portent finalement ce nombre à 80 centimètres d'ici la fin du siècle, voire à plusieurs mètres dans les pires scénarios envisagés.
De nombreuses villes et régions pourraient ainsi être submergées ces prochaines années. Sur la base des données les plus alarmantes, une étude de 2019 établit à 630 millions le nombre de personnes à travers les continents qui, en 2100, pourraient vivre sur des terres exposées à des inondations chroniques et être directement touchées par le problème. Mais quelles sont donc les villes les plus à risque ? L'outil Climate Central, entre autres, créé par une organisation indépendante de journalistes et scientifiques américains, permet de visualiser quelles parties du monde pourraient se retrouver sous l'eau. Et ce, parfois dès la prochaine décennie.
Des villes de tous les continents menacées par la montée des eaux
Les îles du Pacifique sont les premières à se voir menacées par l'élévation du niveau de la mer. D'après le Science and Development Network, environ 3 millions d'habitants de la zone vivraient à moins de 10 kilomètres des côtes. Les trois archipels principaux et petits atolls de Kiribati, par exemple, pourraient perdre deux tiers de leurs terres si les eaux montent ne serait-ce que d'un mètre. De même, les Maldives — considérées comme le pays le plus plat sur Terre, avec une altitude moyenne d'un mètre — pourraient voir presque 80 % de leur superficie terrestre engloutie d'ici 2100, selon l'Union of Concerned Scientists (UCS).
La capitale de l'Indonésie, Jakarta, a quant à elle été surnommée la "ville qui coule le plus rapidement au monde". Elle s'enfoncerait de 5 à 10 centimètres chaque année, d'après les chiffres de la BBC. Si bien que le Forum économique mondial (communément appelé "forum de Davos") estime que la grande partie de ses rues seront déjà sous l'eau en 2050 (95 %). Un constat alarmant que réitère l'organisation pour plusieurs autres villes : Dacca (Bangladesh), Lagos (Nigeria), Bangkok (Thaïlande) ou encore Alexandrie (Égypte) pourraient d'ici 2100 (et même avant) voir de larges étendues de leur surface recouvertes… et donc invivables.
Dans cette liste non exhaustive se comptent aussi de nombreuses villes aux États-Unis comme Houston, La Nouvelle-Orléans, Miami, déjà régulièrement en proie à des catastrophes. Sur les 50 métropoles américaines les plus vulnérables, 36 se trouvent en Floride. Mais la ville la plus à risque serait New York et son presque demi-million d'habitants, selon les données de Climate Central. En Europe, Londres (Royaume-Uni) ou encore Venise (Italie) ne sont pas en reste. En France, des villes comme Bordeaux et ses alentours, la région de Saint-Nazaire et les villages de la côte montpelliéraine pourraient être les premières à disparaître sous les eaux.
Une fastidieuse capacité à "développer des défenses à long terme"
Dans ce tableau peu optimiste, les Pays-Bas font presque figure d'exception. Pourtant, comme leur nom le laisse à penser, les villes du pays sont basses, plates et proches de la mer du Nord, en témoignent Amsterdam ou La Haye. Au total, plus d'un quart de leur territoire se trouverait ainsi sous le niveau de la mer. Mais un système de digues, barrages, barrières et vannes est mis en place depuis plusieurs années pour protéger les cités d'un véritable raz-de-marée. Deux portes monumentales, sorte de géante barrière (le "Maeslantkerin") défendent par exemple Rotterdam d'une tempête venue des eaux du nord-ouest de l'Europe.
Certains États n'ont toutefois pas les moyens, comme aux Pays-Bas, d'investir dans de telles infrastructures. Le site LiveScience écrit ainsi très justement : "un facteur clé pour déterminer si une ville ou un pays va disparaître n'est pas nécessairement le taux d'élévation du niveau de la mer, mais plutôt [sa] capacité [...] à développer des défenses à long terme". Par ailleurs, il est encore difficile de prévoir les taux d'élévation des océans, tant ils dépendent de la capacité de l'Humanité à réduire ses émissions de gaz à effet de serre et à limiter le réchauffement climatique à un niveau inférieur à 2 °C, objectif de l'Accord de Paris.