La sonde lunaire américaine Odysseus a probablement atterri sur le côté
L’entreprise américaine Intuitive Machines, la première société privée à avoir aluni, a annoncé vendredi que sa sonde s’était probablement retrouvée allongée sur un côté au lieu d’atterrir à la verticale sur la Lune, mais que des données scientifiques et images devraient malgré tout pouvoir être récupérées.
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Par chance, la plupart des cargaisons transportées par l'alunisseur renversé se trouvent du côté ne faisant pas face à la surface lunaire.
L'entreprise américaine Intuitive Machines, la première société privée à avoir aluni, a annoncé le 23 février que sa sonde s'était probablement retrouvée allongée sur un côté au lieu d'atterrir à la verticale sur la Lune, mais que des données scientifiques et images devraient malgré tout pouvoir être récupérées.
L'alunisseur fonctionne malgré tout
La sonde Odysseus d'Intuitive Machines, qui mesure plus de 4 mètres de haut, s'est posée sur la Lune à 23h23 GMT le 22 février, devenant le premier appareil américain à le faire depuis plus de 50 ans. Mais des rebondissements, notamment une défaillance de son système de navigation, ont compliqué la descente finale.
"Nous pensons" qu'Odysseus s'est "pris le pied sur la surface et que l'alunisseur s'est renversé", a expliqué lors d'une conférence de presse Steve Altemus, PDG et co-fondateur d'Intuitive Machines. A l'aide d'une maquette de l'alunisseur, il a montré l'appareil sur un côté, mais avec sa partie supérieure probablement appuyée sur "une roche", lui permettant d'être partiellement "surélevée", selon les analyses de cette jeune société, fondée en 2013 et basée à Houston, au Texas.
L'alunisseur produit malgré tout de l'énergie grâce à ses panneaux solaires situés et peut donc fonctionner, a-t-il dit, précisant alors qu'une sonde de la Nasa en orbite lunaire devait essayer de prendre des photos "ce week-end", qui pourraient confirmer la position exacte d'Odysseus. La société avait déclaré jeudi soir que l'appareil avait atterri "debout", mais cette affirmation s'était basée sur des données erronées, a ajouté le PDG.
L'appareil transporte notamment des instruments scientifiques de la Nasa, qui souhaite explorer le pôle sud de la Lune avant d'y envoyer ses astronautes, dans le cadre de ses missions Artémis. Par chance, la plupart des cargaisons transportées par l'alunisseur se trouvent du côté ne faisant pas face à la surface lunaire, a déclaré Steve Altemus. Certaines antennes sont toutefois pointées vers le sol, limitant les capacités de transmissions de données.
Solution de secours
Autre déception : un petit engin équipé de caméras et appelé EagleCam, développé par l'université d'aéronautique Embry-Riddle, devait être éjecté de l'alunisseur au dernier moment pour capturer de l'extérieur l'atterrissage. Malheureusement, à cause des complications rencontrées durant cette phase, le déploiement d'EagleCam a été reporté, a déclaré l'université vendredi. Celui-ci est désormais prévu durant la mission au sol, ce qui pourrait permettre d'obtenir une vue externe de l'alunisseur.
L'alunissage, même s'il n'était donc pas parfait, marque tout de même une réussite pour la Nasa, qui avait passé un contrat à 118 millions de dollars avec Intuitive Machines pour qu'elle transporte six instruments scientifiques lors de cette mission, nommée IM-1.L'un d'entre eux a d'ailleurs vraisemblablement sauvé le voyage. Le système de navigation de l'alunisseur n'ayant pas fonctionné comme prévu, l'entreprise a dû improviser.
Durant un tour de Lune supplémentaire ajouté juste avant la descente tant redoutée, des employés ont programmé in extremis un système de lasers de la Nasa pour qu'il guide l'alunisseur. Ce système, qui a pour but d'améliorer la précision des atterrissages, devait être activé pour la première fois dans l'espace durant cette mission, lors d'un test. Mais il a finalement été utilisé avec succès comme système de navigation principal.
Les opérations au sol d'Odysseus doivent durer sept jours environ au maximum, avant que la nuit ne s'installe sur le pôle sud lunaire.
Economie lunaire
Intuitive Machines avait reçu jeudi des félicitations du monde entier, y compris de sociétés concurrentes ayant elles-mêmes tenté la manoeuvre récemment, sans succès : la start-up japonaise ispace, qui s'était écrasée sur la Lune l'année dernière, et l'américaine Astrobotic, qui n'était pas parvenue à atteindre l'astre en janvier.
Cette mission est la première pour Intuitive Machines, mais la deuxième du nouveau programme de livraisons lunaires de la Nasa, nommé CLPS, après l'échec d'Astrobotic le mois dernier. Au lieu d'envoyer des instruments scientifiques sur la Lune à l'aide de véhicules lui appartenant, l'agence spatiale américaine a décidé de commander ce service à des entreprises privées.
Cette stratégie doit lui permettre de faire le voyage plus souvent et pour moins cher. Mais aussi de stimuler le développement d'une économie lunaire, capable de soutenir une présence humaine durable sur la Lune - l'un des buts du programme Artémis de la Nasa. Au total, quatre missions lunaires américaines supplémentaires sont officiellement prévues cette année dans le cadre du programme CLPS, dont deux autres d'Intuitive Machines.