La tuberculose n'est pas la seule maladie qui a progressé pendant la pandémie. Le constat est connu : avec les systèmes de santé phagocytés par le Covid, beaucoup d'autres pathologies ont explosé. Mais c'est particulièrement vrai pour la tuberculose, estime Françoise Vanni. Elle travaille au Fonds mondial, premier financeur international de la lutte contre la tuberculose : « Les syndromes de toux et de maladies pulmonaires sont des symptômes qui ont été confondus avec ceux du Covid-19. Et donc, on leur a plutôt dit de rester chez eux. Ce qui s’est passé aussi, c’est que tous les systèmes de santé qui sont orientés vers la lutte contre la tuberculose, y compris les spécialistes de maladies pulmonaires, se sont retrouvés à se concentrer sur le Covid-19. »
Impossible de savoir combien de personnes ont été contaminées pendant la pandémie. Ce qu'on sait, en revanche, c'est que le nombre de personnes sous traitement a baissé de près d’un million en 2020 par rapport à 2019. Avec le risque que tous ceux qui sont passés sous les radars propagent un peu plus la maladie. « Une personne qui porte la tuberculose et qui n’en a pas connaissance peut transmettre la maladie à une quinzaine de personnes autour d’elle. Alors, vous imaginez bien qu’un million de personnes qui ont été traitées en moins sur une année, ça peut avoir un effet en cascade », ajoute Françoise Vanni.
Deux régions concentrent la majorité des cas. Il s'agit de l'Asie du Sud-Est, en plus de l'Inde et de la Chine, et de l'Afrique, mais l'Europe n'est pas épargnée. On sait que la tuberculose est intimement liée à la précarité. La hausse mondiale des prix de l'énergie et des denrées alimentaires, ainsi que l'effondrement du système de santé en Ukraine, pourraient de ce point de vue relancer un peu plus les contaminations.
RFI