Nous sommes en 2040, l'espace est devenu en quelques années un nouvel eldorado grâce à un carburant de fusée qui a démocratisé son accès. On vient de collecter des minerais précieux dans les astéroïdes et sur la Lune. Quelques décennies plus tard, cette ruée vers l’espace a engendré des tensions, avec des sabotages, des dénis d’accès entre des consortiums et d’autres puissances mondiales parfois privées. Puis vient l’escalade, la guerre spatiale. Des vaisseaux de combat lourdement armés et propulsés par des réacteurs à fusion nucléaire, des véhicules autonomes, des robots et des drones animés par des IA s’affrontent dans l’espace. Peu d’humains sont impliqués dans cette guerre pour le contrôle des métaux et terres rares, mais le conflit commence à s'approcher de la Terre.
Ce scénario de fiction est l’un des deux imaginés par la Red Team Défense, une équipe constituée de chercheurs en sciences sociales et comportementales, en physique-chimie, en biologie, mais aussi des dessinateurs, des auteurs de science-fiction et des militaires. Elle est pilotée par l’Agence de l’innovation de la défense (AID) avec l’État-major des armées, la Direction générale de l’armement (DGA) et la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS).
Des fictions prises au sérieux par les militaires
Jeudi dernier, cette Red Team Défense a présenté pour la troisième année consécutive ses scénarios prospectifs. En plus de cette histoire intitulée « La ruée vers l’espace », l’équipe a aussi présenté un autre scénario appelé « Face à l’hydre », dans lequel un implant permet d’assimiler de nouvelles connaissances à toute personne qui en est équipée. C’est justement en distribuant ces implants aux civils que des armées sont générées de façon rapide en leur injectant des savoirs militaires.
Dans les deux cas, ces histoires permettent aux militaires d'aujourd'hui d’aller plus loin dans leurs réflexions face aux futures menaces. Alors évidemment, ces scénarios peuvent sembler farfelus au premier abord, mais ils permettent de faire sortir les militaires de leur zone de confort et les pousser à la créativité pour trouver des possibilités de réponse face à des menaces considérées comme improbables. Il faut savoir que ces deux histoires ne sont en réalité que la partie diffusée au public du programme. Il existe des parties de ces scénarios qui restent classées pour des besoins militaires. Ces deux dernières productions de la Red Team Défense viennent s’ajouter à six autres, imaginées lors des sessions des trois dernières années. Il ne faut pas croire que ces fictions sont prises de façon légère par les militaires. Ils ont déjà constaté que certains éléments des différents travaux ont désormais rejoint la réalité. Alors qu’elles faisaient auparavant sourire, ces productions de la Red Team Défense sont désormais observées avec intérêt par d’autres pays européens.
FUTUR