À Naples, des chômeurs brûlent leurs factures d’énergie pour dénoncer l’inflation
Vendredi 2 septembre, des centaines de Napolitains sans emploi ont brûlé leurs factures de gaz et d’électricité pour protester contre la très forte augmentation des prix.
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Les prix de l’énergie augmentent partout en Europe. Chaque pays cherche à prendre des mesures pour réduire au minimum l’impact. Malgré ces efforts, la colère des citoyens ne diminue pas. En Italie, des Napolitains au chômage ont brûlé des factures d’énergie en guise de protestation contre un gouvernement qui, selon eux, ne connaît pas la "vraie vie" et les difficultés du commun des mortels.
Ce vendredi 2 septembre, des citoyens au chômage issus de deux mouvements différents se sont réunis sur la place Matteotti pour protester et brûler les factures. D’autres citoyens se sont unis à eux.
"Nous ne paierons pas la crise", scandaient-ils. "J’ai reçu une facture d’énergie de plus de 300 euros, expliquait l’un des manifestants aux journalistes du quotidien local "Il Mattino". C’est cinq fois plus que ce que je paie d’habitude. Le message qu’on veut faire passer est que nous n’allons pas faire les frais de la pandémie et du réarmement de l’Ukraine. C’est à eux [les politiques] de payer cette crise. Nous ne tolérons pas cette spéculation."
Bientôt, on ne pourra même plus acheter à manger pour nos familles
D’autres Napolitains sur place critiquaient également une classe politique "distante des problèmes que les familles italiennes vivent au jour le jour."
"Les hommes et femmes politiques devraient venir passer quelques jours dans ces ruelles pour enfin comprendre à quel point la hausse des prix est en train de tuer les familles", expliquait Bianca, une manifestante.
Beaucoup s’inquiètent de l’inflation, dont les effets sur des aliments comme le pain, les pâtes mettent en difficulté les familles. "Bientôt on ne pourra même plus acheter à manger pour nos familles", concluait-elle.
Le revenu de citoyenneté en question
Autre enjeu capital évoqué par les manifestants : le revenu de citoyenneté (max 780 euros par mois) accordé par le gouvernement et fruit du programme électoral du Mouvement 5 Etoiles.
Aujourd’hui, son efficacité est remise en question : on craint qu’il constitue un frein à la recherche d’un emploi stable. Face aux intentions de plusieurs partis de l’abroger ou de le modifier, les Napolitains se disent inquiets. Pour beaucoup d’entre eux, c’est la seule source de revenu. Pour certains, c’est même plus avantageux de recevoir cet argent que de cumuler des petits boulots, souvent précaires et au noir et très mal payés.
Ce n’est pas le premier mouvement de protestation à l’égard de la hausse des prix : au Royaume-Uni, des milliers d’activistes se sont réunis au sein du mouvement de désobéissance civile "Don’t pay UK", pour signaler leur inquiétude.
En Italie, et plus particulièrement à Naples, toutefois, la hausse des prix intervient dans un contexte de pauvreté déjà assez répandue et de plus longue date.
Une situation de pauvreté de longue date
En effet, Naples est l’une des villes avec les taux de chômage les plus élevés de la Péninsule : il s’élevait à 24% en 2021, selon l’Institut italien de statistiques (Istat). Et ce n’était qu’une moyenne : chez les femmes, ce taux grimpe à 27%.
Dans ce contexte de pauvreté et mécontentement, et au beau milieu d’une campagne électorale aussi cruciale qu’aguerrie, une telle manifestation est emblématique du mécontentement général de la population.
La protestation s’est poursuivie dans la ville : les Napolitains ont marché en groupe jusqu’au siège du conseil communal en demandant d’accélérer une série de procédures qui devraient permettre l’engagement de nouveaux travailleurs.
Selon la Rai, la télé de service public italienne, 9 millions d’Italiens (sur une population de 58 millions) sont à risque de pauvreté énergétique. A partir du mois d’octobre, le prix des factures devrait augmenter de 100% par rapport au prix actuel, qui avait précédemment explosé depuis la fin de la crise sanitaire et le début de la guerre en Ukraine.