France: mise en examen du secrétaire général de l'Élysée Alexis Kohler

Le secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler, a été mis en examen le 23 septembre pour « prise illégale d’intérêts » dans le cadre du dossier MSC – l’armateur Mediterranean Shipping Company avec lequel il entretenait des liens – a annoncé le parquet national financier (PNF) ce lundi 3 octobre 2022, confirmant ainsi une information de franceinfo.

D’après son avocat, Alexis Kohler conteste fortement « avoir commis tout délit » .

Le numéro deux de l’Elysée a également été placé sous le statut plus favorable de « témoin assisté du chef de trafic d’influence », a précisé le procureur national financier Jean-François Bohnert dans un communiqué. « Aucune mesure de contrôle judiciaire n’a été prise à son encontre », poursuit-il.

Visé par une plainte de l’association Anticor

Jean-François Bohnert rappelle également que cette mise en examen « intervient dans le cadre d’une information judiciaire ouverte suite à une plainte avec constitution de partie civile déposée le 30 janvier 2020 par l’association Anticor devant le doyen des juges d’instruction du tribunal judiciaire de Paris. 

Alexis Kohler « conteste avec force avoir commis tout délit », a réagi dans un communiqué son avocat Me Eric Dezeuze. « Sans que soient pris en considération à ce stade les nombreux éléments objectifs à décharge, Alexis Kohler a été placé sous le statut de mis en examen pour prise illégale d’intérêt pour des faits pouvant remonter à plus de dix ans », explique-t-il, affirmant que « la suite de la procédure » allait « lui permettre de démontrer son innocence ».

MSC est un important client de l’entreprise STX France (aujourd’hui Chantiers de l’Atlantique) qui gère les chantiers navals de Saint-Nazaire.

Alexis Kohler, bras droit et fidèle du président, est un homme extrêmement discret, se tenant loin des médias. Il va rester à son poste auprès d’Emmanuel Macron après sa mise en examen, d’après l’Élysée.

Le haut fonctionnaire de 49 ans occupe le poste stratégique de secrétaire général de l’Élysée depuis le début du premier quinquennat et est installé dans un bureau voisin du président. Il gère au quotidien les situations d’urgence, les gros dossiers économiques et sociaux, mais aussi politiques.

Des liens familiaux et personnels avec MSC mis en cause

L’ex-directeur de cabinet d’Emmanuel Macron lorsque celui-ci était ministre de l’Économie et des Finances était visé depuis 2018 par une plainte de l’association anti-corruption Anticor pour « prise illégale d’intérêts », « trafic d’influence » et « corruption passive ».

L’affaire était née après la publication en 2018 de plusieurs articles de Mediapart. Le parquet national financier avait ouvert une enquête préliminaire, qu’il avait classée sans suite en août 2019, indiquant que l’analyse des éléments recueillis « ne [permettait] pas de caractériser les infractions initialement suspectées ».

Mais l’association anticorruption Anticor a obtenu la relance des investigations en juin 2020 grâce à une plainte avec constitution de partie civile, qui permet la plupart du temps la désignation d’un juge d’instruction.

Sont notamment pointés du doigt ses liens familiaux et professionnels avec l’armateur italo-suisse MSC, fondé et dirigé par les cousins de sa mère, la famille Aponte. Alexis Kohler a approuvé en 2010 et 2011 des contrats concernant MSC, mais il était alors membre du conseil de surveillance et n’avait pas signalé ces liens familiaux, selon franceinfo.

Ouest-France