Séisme en Turquie : le président Erdogan contraint de se défendre
Le jeudi 9 février, les utilisateurs de Twitter en Turquie peuvent de nouveau se connecter après une douzaine d'heures d'interruption.
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L'affaire a immédiatement fait grand bruit en Turquie, car les réseaux sociaux permettent aux utilisateurs d'obtenir des informations et de contacter des proches après le tremblement de terre, mais aussi parce qu'ils sont le lieu où s'expriment des critiques contre le pouvoir de Recep Tayyip Erdogan. « Nous savons tous ce qu'ils veulent cacher », s'est indigné le chef du principal parti d'opposition CHP à propos de la coupure de Twitter.
Le séisme meurtrier pourrait se prolonger en secousses politiques, alors que la Turquie se prépare à des élections présidentielle et législatives le 14 mai 2023.
En visite dans les zones sinistrées, Recep Tayyip Erdogan a dû reconnaître « des lacunes » dans la réponse des autorités, tout en fustigeant « des critiques malhonnêtes ». Parmi les reproches dont le président turc aura du mal à se défaire, celui « d'une politique de profit » qui, selon l'opposition, a empêché le pays de se préparer à un séisme de cette force.
Un manque d'unité politique regrettable
Selon Didier Billion, directeur adjoint de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) et auteur, entre autres, de La Turquie : un partenaire incontournable, cette catastrophe ne va pas mettre un terme aux querelles politiques, bien au contraire.
« C’est pitoyable en réalité, parce que l’ampleur de la catastrophe nécessiterait qu’il y ait une unité au moins conjoncturelle entre toutes les forces politiques turques, visiblement ce n’est pas tout à fait le cas. J’ai constaté qu’hier, le chef du principal parti d’opposition turc, le Parti kémaliste républicain du peuple, s’est rendu sur les lieux du séisme et lui-même, tout en appelant à l’unité, a quand même lancé quelques accusations sur la lenteur de l’arrivée des équipes de secours », explique Didier Billion.
« C’est malheureusement la réponse du berger à la bergère, poursuit-il. Il y a une très forte polarisation en Turquie au niveau politique depuis déjà fort longtemps, mais l’échéance électorale, qui est prévue pour le 14 mai prochain pour les élections présidentielle et législatives, évidemment, exaspère les tensions, exaspère les différends. Ce qui est regrettable, c'est qu’évidemment, dans une situation de catastrophe absolue, les forces politiques n’hésitent pas à relancer les querelles qui sont, ma foi, en l’occurrence assez stériles. »