En Israël, quinzième semaine de contestation contre la réforme judiciaire
Cette réforme limiterait considérablement la possibilité pour la Cour suprême d’invalider les lois et donnerait de fait à la coalition politique majoritaire le pouvoir de nommer les juges.
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Des milliers d'Israéliens sont de nouveau descendus dans les rues de Tel-Aviv samedi soir pour protester contre la réforme de la justice voulue par le gouvernement de Benjamin Netanyahu, que les manifestants considèrent comme attentatoire à la démocratie.
"Sauvons la démocratie", pouvait-on lire sur des pancartes au milieu d'une marée de drapeaux israéliens tandis que certains manifestants ont allumé des feux de bengale et des fumigènes, ont constaté les journalistes de l'AFP.
D'autres manifestations plus modestes ont eu lieu dans d'autres villes israéliennes, à Haïfa (nord) et Jérusalem notamment, ainsi qu'à Modiin dans le centre d'Israël, devant la maison du ministre de la Justice Yariv Levin.
Depuis l'annonce du projet de réforme début janvier, des dizaines de milliers d'Israéliens se réunissent toutes les semaines pour dénoncer le texte et conspuer le gouvernement formé en décembre par M. Netanyahu, l'un des plus à droite qu'ait connu Israël.
Celui-ci a annoncé le 27 mars une "pause" pour donner une "chance [...] au dialogue", après une intensification de la contestation, un début de grève générale et l'apparition de tensions au sein de la majorité, mais la mobilisation contre la réforme reste forte.
Pour le gouvernement, le texte vise entre autres à rééquilibrer les pouvoirs en diminuant les prérogatives de la Cour suprême, que l'exécutif juge politisée, au profit du Parlement.
Les détracteurs de la réforme estiment au contraire qu'elle risque d'ouvrir la voie à une dérive autoritaire.
"Nous nous battons pour notre démocratie, nous n'avons pas d'autre pays", a déclaré à l'AFP Nadav Tamir, 61 ans, de Givatayim, proche banlieue de Tel-Aviv.
"Nous sommes tous fatigués et je ne voulais pas venir aujourd'hui mais ma sœur m'a dit 'nous n'avons pas le choix', et c'est vrai, nous n'avons pas le choix, on ne peut pas baisser la garde, il faut que nous défendions notre pays", dit Karen Baron, psychiatre de 45 ans de Tel-Aviv.
Cette nouvelle manifestation survient alors que l'agence d'évaluation financière américaine Moody's a annoncé vendredi abaisser la perspective de crédit d’Israël de "positive" à "stable".
Ce changement de perspective reflète selon l'agence "une détérioration de la gouvernance d'Israël, comme l'illustrent les événements récents autour de la proposition du gouvernement pour reformer le système judiciaire du pays".
"Alors que les manifestations de masse ont conduit le gouvernement à suspendre la législation et à rechercher le dialogue avec l'opposition, la manière dont le gouvernement a tenté de mettre en œuvre une réforme de grande envergure sans rechercher un large consensus indique un affaiblissement de la force institutionnelle", ajoute-t-elle.