La motion de censure de la Nupes largement rejetée par l’Assemblée

La première ministre, Élisabeth Borne, échappe ainsi à sa dix-septième motion de censure depuis juin 2022.

Le résultat était presque couru d'avance. Sans surprise, l'Assemblée nationale a largement rejeté ce lundi la motion de censure spontanée contre «le coup de force antidémocratique du gouvernement», portée par la Nupes. Le texte défendu par la socialiste Valérie Rabault a recueilli 239 voix, bien loin de la majorité absolue (289 voix) requise pour faire tomber le gouvernement. Au-delà des rangs de la gauche, seuls les 88 députés du Rassemblement national (RN) ont voté unanimement pour la motion de censure. Les bancs des Républicains (LR) sont quant à eux restés quasi-déserts, aucun d'entre eux n'ayant pris part au vote. Même le groupe Liot (Libertés, indépendants outre-mer et territoires) n'a pas soutenu l'initiative, puisque seulement deux élus ont voté le texte.

La Nupes a pourtant voulu «marquer le coup» après l'échec de la nouvelle tentative d'abroger la réforme à 64 ans, la semaine dernière dans l'hémicycle. À la tribune, la députée du Tarn-et-Garonne, Valérie Rabault, a ainsi accusé l'exécutif d'avoir «empêché le débat» sur la proposition de loi du groupe Liot, présentée le 8 juin dernier. La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, ayant jugé irrecevable financièrement les amendements qui visaient à rétablir la retraite à 62 ans. «Depuis le 8 juin, c'est le règne de la recevabilité partisane sans voie de recours», a fustigé Valérie Rabault, dénonçant «un grave précédent». Avant d'enjoindre ses collègues de l'opposition à «mettre un terme au discrédit» que «jettent» la première ministre et son gouvernement sur la chambre basse.

Un refrain presque habituel pour Élisabeth Borne, confrontée à sa dix-septième motion de censure depuis les élections législatives en juin 2022. Chahutée par les bancs de la Nupes lors de sa prise de parole, cette dernière a notamment tenu à les remercier, avec ironie, «d'avoir permis aux Français, déjà à seize reprises, de constater qu'il n'y a pas de majorité alternative au gouvernement». Et d'ajouter, acerbe : «Certains, ici, semblent convaincus que le courage politique, c'est une opposition vocale, caricaturale, totale. Moi, je ne confonds pas le courage et les décibels.» Alors que les rumeurs de remaniement la placent sur la sellette, la première ministre en a d'ailleurs profité pour faire valoir son bilan. «Les majorités se nouent, les textes sont votés. Nous avons trouvé des accords et des solutions sur des sujets majeurs comme la sécurité de nos concitoyens», a-t-elle plaidé, appelant à poursuivre cette «force collective».

Après ce nouvel échec, l'exécutif peut enfin espérer tourner la page des retraites. Une autre pourrait toutefois s'ouvrir dès septembre prochain avec l'examen des principaux textes budgétaires et le recours possible à l'article 49.3. Si les «conditions de succès» de cette dernière motion de censure n'étaient selon eux pas «réunies», le groupe Liot pourrait ainsi se réserver une fenêtre de tir sur le budget. En mars dernier, leur texte transpartisan porté par le centriste Charles de Courson avait frôlé de renverser le gouvernement à neuf petites voix près.

Le Figaro