La guerre contre le Hamas sera «longue et difficile», a prévenu Benyamin Netanyahu
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La guerre contre le Hamas est entrée samedi dans une nouvelle étape et sera "longue et difficile", a prévenu le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, trois semaines après le début des hostilités, déclenchées par l'attaque la plus meurtrière de l'histoire d'Israël.
Le chef du Hamas dans la bande de Gaza, Yahya Sinouar, s'est exprimé samedi soir pour la première fois depuis le 7 octobre pour se dire prêt à conclure "immédiatement" un échange des otages que le mouvement islamiste palestinien retient dans la bande de Gaza - 230 selon Israël -, contre "tous les prisonniers" palestiniens incarcérés par Israël.
Depuis vendredi soir, l'armée israélienne opère au sol avec des soldats et des blindés, tout en intensifiant ses bombardements de la bande de Gaza déclenchés après l’attaque du 7 octobre depuis laquelle 1.400 personnes ont été tuées côté israélien, essentiellement des civils, selon les autorités locales.
Le Hamas, qui contrôle Gaza, affirme que 7.703 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans ces bombardements, soit le bilan le plus lourd depuis le retrait israélien du territoire palestinien en 2005.
L'ONU craint une catastrophe humanitaire. Son secrétaire général, Antonio Guterres, a déploré samedi l'"escalade sans précédent des bombardements" qui "compromettent les objectifs humanitaires", appelant une nouvelle fois à un cessez-le-feu immédiat.
La président Comité international de la Croix-Rouge, Mirjana Spoljaric, a elle jugé "inacceptable que les civils n’aient aucun endroit sûr où aller à Gaza au milieu des bombardements massifs", estimant que "le monde ne devait pas tolérer" ce qui se passe à Gaza.
Environ 2,4 millions de personnes vivent entassées à Gaza (environ 360 km2), manquant d'eau, de nourriture, d'électricité, et depuis vendredi, de communications et d'internet.
Au total, 84 camions d'aide humanitaire ont pu arriver via l'Egypte, selon l'ONU, mais il en faudrait au moins cent par jour.
"Un champ de bataille" -
"La guerre dans la bande de Gaza sera longue et difficile et nous y sommes prêts", a déclaré M. Netanyahu lors d'une conférence de presse à Tel-Aviv, ajoutant que son armée "détruira l'ennemi sur terre et sous terre".
Une référence au gigantesque réseau de tunnels souterrains de centaine de kilomètres d'où, selon les militaires, le Hamas dirige ses opérations.
Désormais, est engagée "la deuxième étape de la guerre, dont l'objectif est clair: détruire les capacités militaires et la direction du Hamas; ramener les otages à la maison", a affirmé M. Netanyahu après avoir rencontré les familles des 230 personnes retenues captives dans la bande de Gaza, selon le dernier décompte des autorités.
L'armée israélienne a répété samedi son appel aux habitants de Gaza (nord) de "partir immédiatement" vers le sud, affirmant qu'elle considérait désormais cette ville et sa région comme un "champ de bataille".
Selon le porte-parole de la Défense civile à Gaza, Mahmoud Bassal, "des centaines d'immeubles et de maisons ont été entièrement détruits" dans la journée.
Dans le camp de réfugiés de Chati, dans la périphérie de Gaza-ville, les bombardements ont provoqué d'importants dégâts.
"Ce qui s'est passé à Chati est pire qu'un tremblement de terre", a déclaré à l'AFP un habitant, Alaa Mahdi, 54 ans. "Ca bombardait de partout, la marine, l'artillerie et les avions."
A Gaza-ville, "dans les rues, les gens sont devenus des corps sans vie qui marchent", décrit à l'AFP Jihad Mahdi, un habitant.
L'armée israélienne a fait état de "plusieurs terroristes du Hamas tués" dont un responsable "ayant pris part à l'organisation du massacre du 7 octobre" qui a profondément traumatisé la société israélienne.
Des salves de roquettes ont en parallèle été tirées de Gaza vers Israël pendant la journée, faisant trois blessés, selon des médecins.
Echange otages-prisonniers?
Après "une nuit d'angoisse immense" en raison des intenses bombardements, les familles des otages ont été finalement reçues samedi par M. Netanyahu.
Seules quatre femmes otages ont été libérées à ce jour. Le Hamas, qui avait menacé d'exécuter des otages, estime à "près de 50" le nombre d'entre eux tués dans les bombardements.
"Nous sommes prêts à immédiatement conclure un échange pour faire libérer tous les prisonniers dans les prisons de l'ennemi sioniste contre tous les otages", a déclaré dans un communiqué le chef du Hamas à Gaza, M. Sinouar.
Le Premier ministre israélien a déclaré aux familles des otages qu'il explorerait "toutes les options" pour les faire libérer.
A la sortie de la réunion, Ifat Kalderon, dont le cousin Ofer Kalderon serait détenu à Gaza avec des membres de sa famille, a déclaré à l'AFP qu'elle soutenait ce type d'échange.
Black-out
Les bombardements sur Gaza ont coïncidé avec une coupure des communications et internet à Gaza.
Des ONG et des agences de l'ONU ont indiqué avoir perdu le contact avec leurs équipes à Gaza.
Les opérations humanitaires et l'activité des hôpitaux "ne peuvent continuer sans communications", s'est alarmée Lynn Hastings, une responsable de l'ONU.
Le 9 octobre, Israël a imposé un "siège total" à Gaza, y coupant les approvisionnements en eau, électricité et nourriture, alors que le territoire palestinien était déjà soumis à un blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis plus de 16 ans.
"Beaucoup plus" de gens vont "bientôt mourir" en raison du siège, a indiqué le chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini.
Certaines opérations chirurgicales sont réalisées sans endormir complètement les patients en raison de la pénurie de produits anesthésiques, a alerté samedi Médecins Sans Frontières (MSF).
Léo Cans, chef de mission de MSF à Jérusalem en charge des territoires palestiniens, a raconté l'opération cette semaine d'"un enfant de 10 ans, qu'on a dû amputer de la moitié de son pied gauche sous demi-sédation, sur le sol de l'hôpital dans le couloir parce que tous les blocs opératoires étaient pleins".
"Défi existentiel"
Israël veut "anéantir" le mouvement islamiste, en représailles à l'attaque du 7 octobre. Ce jour-là, en plein Shabbat, le repos juif hebdomadaire, des centaines de combattants du Hamas se sont infiltrés depuis Gaza sur le sol israélien, où ils ont commis l'attaque la plus meurtrière dans l'histoire d'Israël.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a qualifié de "criminel de guerre" Israël, qui a dans la foulée annoncé rappeler ses diplomates de Turquie afin de "réévaluer les relations" entre les deux pays.
Des milliers de personnes ont manifesté à l'étranger, à Londres et à Paris en soutien aux Palestiniens.
Vaincre le Hamas est un "défi existentiel" pour Israël, a estimé le premier ministre israélien, s'en prenant de nouveau à Téhéran. "Je pense que 90% du budget militaire du Hamas vient d'Iran", a-t-il accusé.
La communauté internationale redoute un embrasement régional, alors que l'Iran, soutien du Hamas et du Hezbollah libanais, a lancé des avertissements aux Etats-Unis, proche allié d'Israël.
La tension est aussi très vive en Cisjordanie occupée depuis 1967, où plus de 100 Palestiniens ont été tués par des soldats ou des colons israéliens depuis le 7 octobre.
A la frontière nord d'Israël avec le Liban, où les échanges de tirs sont quasi quotidiens entre l'armée israélienne et le Hezbollah, le siège des Casques bleus de l'ONU dans le sud du Liban a été touché samedi par un obus, sans faire de victime. Un Casque bleu a été légèrement blessé près de Hula par des bombardements dans le sud du Liban, selon la Finul.