La barrière de sécurité qui sépare la bande de Gaza du territoire de l’État hébreu était présentée comme infranchissable. Un mur de fer et d’acier qui s’étend sur terre, sous terre et dans la mer. Une barrière de haute technologie, bardée de caméras et de capteurs, et qui pourtant a été éventrée sans difficulté et à plusieurs endroits. Dans les kibboutz voisins de Gaza, les groupes d’autodéfense israéliens, chargés de la protection de la région, tentent toujours de comprendre comment un tel drame a pu se produire.
La lourde porte blindée s’ouvre sur un escalier, qui descend dans le bunker. Un QG sous terre. C’est le centre opérationnel du kibboutz Sa’ad, situé à une poignée de kilomètres de Gaza. Le 7 octobre, c’est Chaguiv Chakmon et ses hommes, qui ont repoussé l’assaut du Hamas contre leur kibboutz.
« Tout le monde faisait confiance à la barrière de sécurité. Nous les premiers. Dans nos pires cauchemars, on n’aurait jamais pu imaginer qu’un plan aussi meurtrier pouvait être mis à exécution. Ici, nous sommes bien entraînés, et relativement bien armés. On a pu aussi atteindre notre armurerie à temps, avant qu’il n’y ait une intrusion dans le kibboutz. Mais personne ne s’attendait à une attaque d’une telle ampleur et surtout d’une telle durée ».
Dans cette région limitrophe de Gaza, chaque kibboutz a son propre groupe d’autodéfense, dirigé par un Rav Chatz, un responsable de la sécurité. Ces hommes sont sous le commandement de Raphi Babiyan. Il a en charge 16 kibboutz. « Il y a eu une attaque surprise, et l’État d'Israël devra – après cette guerre que nous allons gagner – l’État devra clarifier comment cela a été possible. Pourquoi l’armée israélienne ne s’est jamais préparée à une telle attaque ? Et pourquoi nous n’avons reçu aucune mise en garde préalable ? »
Quelle conclusion en tirer ? « Seule une commission d'enquête apportera cette réponse », explique Raphi Babiyan. Mais à titre personnel, il dit avoir compris une chose : « L'ennemi a été sous-estimé », reconnaît-il.
RFI