Le Royaume-Uni envoie un navire de guerre au Guyana, le Venezuela dénonce une « provocation »
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Le Royaume-Uni a annoncé dimanche 24 décembre le déploiement d’un navire de patrouille militaire en soutien au Guyana, en pleine crise sur l’Essequibo, territoire riche en pétrole réclamé par le Venezuela, qui a réagi en dénonçant une «provocation».
La fièvre semblait être un peu retombée, voici qui menace de la relancer. Dans le contentieux qui oppose le Venezuela à son voisin le Guyana au sujet de la riche région pétrolifère de l’Essequibo, Londres vient de remettre une pièce dans la machine. Le ministère de la Défense britannique a annoncé dimanche 24 décembre qu’un navire de guerre britannique allait être déployé dans la zone en soutien à Georgetown. «Le HMS Trent va se rendre au Guyana, notre allié régional et partenaire dans le cadre du Commonwealth ce mois-ci pour une série d’engagements dans la région», indique sans plus de précisions le communiqué britannique.
Selon la BBC, le patrouilleur doit participer à des manœuvres militaires après Noël avec d’autres alliés de l’ancienne colonie britannique. Londres avait déjà affiché son soutien à cette dernière en dépêchant sur place son secrétaire d’Etat chargé des Amériques, David Rutley. Le HMS Trent, d’habitude basé dans la Méditerranée, avait été envoyé début décembre dans les Caraïbes pour lutter contre les trafics de drogue. Début décembre, les Etats-Unis avaient aussi annoncé des exercices militaires au Guyana et avaient déjà provoqué l’ire des autorités vénézuéliennes.
Vieux différend
Le ministre de la Défense du Venezuela, Vladimir Padrino López, a réagi à l’annonce du ministère de la Défense britannique en dénonçant une «provocation». «Un navire de guerre […] ? Et ensuite ? Et l’engagement à faire preuve de bonne volonté et à la coexistence pacifique ? Et quid de la promesse de ne pas recourir à la menace et de n’utiliser la force dans aucune circonstance ?, a-t-il écrit sur le réseau social X, se référant aux engagements pris par le président du Venezuela, Nicolás Maduro, et son homologue du Guyana, Irfaan Ali, lors de leur rencontre le 14 décembre. Nous restons en alerte face à ces provocations qui font peser un risque pour la paix et la stabilité de la Caraïbe.»
Près de 125 000 personnes, soit un cinquième de la population du Guyana, vivent dans l’Essequibo, qui couvre les deux tiers de la superficie du pays. Le Venezuela soutient que le fleuve Essequibo doit être la frontière naturelle, comme en 1777, à l’époque de l’empire espagnol. Le Guyana argue que la frontière, datant de l’époque coloniale anglaise, a été entérinée en 1899 par une cour d’arbitrage à Paris. Décision que Caracas a toujours rejetée avec plus ou moins d’insistance. En 2015, la découverte d’importants gisements pétroliers dans l’Essequibo (que le Venezuela appelle «Esequibo» avec un seul «s»), avait relancé l’intérêt du pays pour cette immense région. Pour se défendre, le Guyana a déposé un recours en 2018 devant la Cour internationale de Justice (CIJ) qui s’était reconnu compétente pour régler le différend. Mais la République bolivarienne ne reconnaît pas l’autorité de la Cour – dont le jugement pourrait attendre des années.
La tension est remontée d’un cran après le lancement en septembre d’appels d’offres pétroliers par le Guyana, puis le référendum organisé en réaction le 3 décembre au Venezuela sur un rattachement de l’Essequibo, territoire de 160 000 km² riche en pétrole et ressources naturelles. Lors du sommet du 14 décembre entre le président guyanien Irfaan Ali et le président vénézuélien Nicolás Maduro, les deux hommes ont réussi à faire baisser la pression – les deux pays se sont engagés à ne pas utiliser la force – mais n’ont pas résolu le différend, chacun campant sur ses positions.