Plusieurs ministres israéliens ont récemment appelé à l’ « émigration » des Palestiniens de Gaza. Selon le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, cela permettrait aux Israéliens de « vivre en sécurité ».
La tension monte entre Paris et Tel-Aviv. Le ministère français des Affaires étrangères a condamné ce mercredi les déclarations « provocatrices » de ministres israéliens appelant à « l’émigration » de la population de la bande de Gaza ainsi qu’au rétablissement de colonies sur ce territoire palestinien.
« La France condamne les propos des ministres israéliens des Finances, M. Bezalel Smotrich, et de la Sécurité nationale, M. Itamar Ben Gvir » et appelle Israël « à s’abstenir de telles déclarations provocatrices, qui sont irresponsables et alimentent les tensions », indique ce ministère dans un communiqué.
« Encourager » les Gazaouis à partir
Itamar Ben Gvir avait appelé ce lundi à un retour de colons juifs à Gaza et à « encourager » la population palestinienne à émigrer, au lendemain d’un appel similaire du ministre Bezalel Smotrich. Ce mercredi encore, Itamar Ben Gvir a préconisé un départ massif de Palestiniens de Gaza, rejetant les critiques américaines qualifiant ses précédentes déclarations de scénario d’« irresponsable ».
« Les États-Unis sont nos bons amis, mais avant tout, nous ferons ce qui est bon pour l’État d’Israël : encourager l’émigration de centaines de milliers de personnes de Gaza permettra aux résidents (israéliens) de rentrer chez eux (à la lisière de Gaza) et de vivre en sécurité tout en protégeant nos soldats », a écrit Itamar Ben Gvir sur le réseau social X (ex-Twitter) en réponse aux critiques américaines.
L’expulsion d’une population hors de son territoire est interdite par les conventions de Genève, qui constituent le cœur du droit humanitaire international, et les statuts de la Cour pénale internationale (CPI) désignent la « déportation ou le transfert forcé de population » comme un crime contre l’humanité. « Les États-Unis rejettent les récentes déclarations des ministres israéliens Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir prônant la relocalisation des Palestiniens en dehors de Gaza », avait alors déclaré ce mardi dans un communiqué le porte-parole du département d’État, Matthew Miller, qualifiant ces propos d’« irresponsables ».
De son côté, Bezalel Smotrich, qui dirige le parti « Sionisme religieux », est revenu à la charge ce mercredi, affirmant dans des déclarations rapportées par les médias, que « 70 % du public israélien soutenait l’émigration volontaire des Arabes de Gaza et leur absorption par d’autres pays ». Selon lui, « les partisans d’une telle solution humanitaire comprennent qu’un petit pays comme le nôtre ne peut se permettre une réalité où, à seulement quatre minutes de nos localités, il existe un foyer de haine et de terreur, où deux millions de personnes se réveillent chaque matin avec le désir de détruire l’État d’Israël ».
Bezalel Smotrich avait nié lors d’une visite privée à Paris en mars l’existence d’un peuple palestinien. « Il n’y a pas de Palestiniens car il n’y a pas de peuple palestinien », avait-il dit. Le gouvernement du Premier ministre Benyamin Netanyahou, alliant des partis de droite, d’extrême droite et des formations juives ultra-orthodoxes, est déjà accusé d’avoir largement renforcé le poids des colons en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.
Le Parisien