Malgré les concessions de Bruxelles, où sont réunis jeudi les dirigeants européens, la colère des agriculteurs dans l’UE ne retombe pas, notamment en France où les blocages d’axes stratégiques se poursuivent pour la quatrième journée consécutive.
Les aides dégagées mercredi par le gouvernement français et les concessions de la Commission européenne, sur les jachères et les importations ukrainiennes, ne semblent ainsi pas trouver grâce aux yeux de la profession, également mobilisée en Italie, Espagne et Allemagne.
En Italie, des milliers d’agriculteurs, de la Sardaigne au Piémont, ont encore manifesté mercredi.
Le ministre espagnol de l’Agriculture a lui annoncé qu’il recevrait vendredi les trois principaux syndicats agricoles, qui ont promis des « mobilisations » dans les « prochaines semaines ».
Des agriculteurs portugais ont aussi appelé à une mobilisation ce jeudi sur les routes du pays avec des tracteurs et machines agricoles.
Des agriculteurs grecs en colère se sont rassemblés jeudi avec leurs tracteurs dans le centre de Thessalonique (nord) emboîtant le pas à leurs collègues européens pour réclamer l’augmentation des aides dans leur secteur.
Environ 300 tracteurs et des dizaines de camions d’apiculteurs, klaxonnant et arborant des drapeaux noirs et blancs, se sont immobilisés devant le centre municipal de Thessalonique, la deuxième ville de Grèce, où se tient à partir de jeudi la principale foire agricole de Grèce, selon des journalistes de l’AFP.
Face à la grogne, la Commission européenne a fait des concessions mercredi sur deux sujets principaux : elle propose d’accorder pour 2024 une dérogation « partielle » aux obligations de jachères imposées par la PAC et envisage un mécanisme limitant les importations d’Ukraine, notamment de volaille.
Si Paris s’est félicité que Bruxelles ait « répondu aux demandes de la France », cette dérogation intervient « tardivement » et reste « limitée », a regretté le Copa-Cogeca, organisation des syndicats agricoles majoritaires dans l’UE. Politique européenne trop complexe, revenus trop bas, inflation, concurrence étrangère, accumulation de normes, flambée des prix du carburant : les mêmes revendications se retrouvent dans la plupart des pays européens.
La colère se cristallise autour de la politique agricole commune (PAC) des Vingt-Sept, jugée par certains déconnectée des réalités. Un autre sujet de friction reste en suspens à Bruxelles : en charge de la politique commerciale des Vingt-Sept, la Commission négocie actuellement un accord de libre-échange avec les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) qui inquiète le secteur agricole et dont Paris déclare ne pas vouloir.
La nouvelle PAC, qui renforce depuis 2023 les obligations environnementales et les législations du Pacte vert européen (ou « Green Deal ») – même si elles ne sont pas encore en vigueur – cristallise la colère.
Le Soir