L'offensive soft power saoudien avec l’entrisme de l’Arabie au Festival de Cannes
Le Festival de Cannes s'est tenu cette année avec une présence très active de l'Arabie saoudite et a attiré l'attention de nombreux opposants et partisans du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.
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En avril 2018, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane reçoit dans son palais le magnat des médias judéo-américains Rupert Murdoch, ainsi qu'un certain nombre de célébrités hollywoodiennes telles que Dwayne Johnson, alias The Rock.
À l'époque, ben Salmane tentait de faire de son pays une figure éminente de l'industrie cinématographique du Moyen-Orient et de se présenter aux Saoudiens comme un leader moderniste et réformiste.
Mais quelques mois plus tard, l'assassinat brutal du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au sein du consulat saoudien à Istanbul, en Turquie a brisé tous les rêves de cinéma du jeune prince.
Cependant, cela n'a pas arrêté le prince héritier saoudien, car il a repris ses efforts pour entrer dans l'industrie cinématographique et améliorer son image à l'aide du soft power.
Ainsi, alors qu'il n'y avait pas de cinéma en Arabie saoudite jusqu'en 2018, le premier festival du film saoudien visant à transformer l'Arabie saoudite en un "Hollywood du Moyen-Orient" a eu lieu avec l'investissement de 64 milliards de dollars du prince héritier saoudien.
La première édition du Festival international du film de la mer Rouge à Djeddah
L'homme d'affaires saoudien Mohammed al-Turki de 35 ans, qui possède deux des plus grands conglomérats du royaume, Al Rawabi Holding et Nesma, devient un modèle pour une nouvelle génération d'hommes d'affaires saoudiens proches de ben Salmane. Sur son compte Instagram, il publie ses photos avec des célébrités telles que Michelle Rodriguez, Ed Westwick et se présentant comme un producteur saoudien.
En fait, Mohammed al-Turki est chargé d'attirer de nombreuses stars du cinéma français comme Thierry Fermo, le principal organisateur du Festival de Cannes.
Mohammed al-Turki a lancé la première édition du Festival international du film de la mer Rouge sous la direction de Badr ben Abdullah, du 6 au 15 décembre 2021, qui était un événement inédit dans ce pays très conservateur.
Badr ben Abdullah ben Mohammed ben Farhan Al Saoud, le premier Ministre de la Culture de l'histoire du Royaume depuis 2018, l'activiste de l'industrie pétrolière saoudienne aux États-Unis, qui est actuellement en charge de tous les projets de soft power et d'influence de Mohammed ben Salmane dans les secteurs culturels et sociaux, il tente avec l'aide de personnalités du cinéma français, d'établir un lien entre Djeddah, qui a accueilli le Festival international du film de la mer Rouge, et Cannes.
Mohammad ben Salmane a non seulement attiré les grandes figures du cinéma mondial à Djeddah en donnant de l'argent, mais a également tenté d'y faire venir de grands hommes politiques comme le président français Emmanuel Macron, qui était présent à l'ouverture du festival.
L’ombre du Festival du film de la mer Rouge sur Cannes
La participation de l'Arabie saoudite au Festival de Cannes remonte à ces dernières années, mais cette année, les Saoudiens avaient une présence très active.
L’édition de cette année s’est ouverte sur un discours officiel du président ukrainien Volodymyr Zelensky condamnant la guerre de la Russie contre son pays et les atrocités russes en Ukraine, tandis que des actes de protestation contre la Russie ont été observés sur le tapis rouge. Mais personne n'a pas condamné l'agression militaire saoudienne contre le Yémen et les atrocités saoudiennes contre le peuple yéménite.
Les organisateurs du Festival de Cannes, qui étaient autrefois fiers de l'indépendance du festival de toute institution, organisation ou pays, reçoit désormais les plus gros pots-de-vin d'Arabie saoudite, une décision qui a été critiqué par de nombreux cinéastes indépendants et militants des droits de l'homme à travers le monde.
Le 7 novembre 2021, Bloomberg a publié un rapport sur les actions de ben Salmane dans l'industrie cinématographique saoudienne, ainsi que sur son entrée à Hollywood, déclarant notamment :
" L'Arabie saoudite avec son budget de 64 milliards de dollars poursuit ses rêves hollywoodiens dans le désert. Elle essaie de faire des déserts saoudiens une destination pour les cinéastes du monde entier, donc investir dans de grands festivals, dont Cannes et Venise, et attirer des acteurs et des cinéastes avec des dollars du pétrole sont les politiques les plus importantes du prince héritier.
Il est important de noter que le rapport n'ignore pas le bilan des droits de l'homme de ben Salmane, la situation de ses opposants dans les prisons saoudiennes et l'implication directe de ben Salmane dans l'assassinat du journaliste saoudien critique Jamal Khashggi.
Edward Wilson