Plombé par la crise énergétique qui menace de plonger l’Europe dans la récession, l’euro s’enfonçait, lundi 22 août, sous le seuil de la parité avec le dollar, à un niveau qui n’avait pas été vu depuis l’année de sa mise en circulation.
Le billet vert profitant, pour sa part, des tours de vis successifs de la Réserve fédérale américaine (Fed), l’euro perdait 0,96 % vers 17 h 30 (heure de Paris), à 0,9941 dollar, un plus bas depuis 2002. La monnaie unique était déjà descendue une première fois sous la parité à la mi-juillet.
La vigueur du dollar rend les importations plus coûteuses, notamment pour les matières premières comme le pétrole, dont le cours est fixé en dollars, accentuant une inflation déjà dévastatrice pour les consommateurs et les entreprises.
Peur d’une pénurie de gaz
La fermeture annoncée, pour maintenance, du gazoduc Nord Stream 1, qui fournit l’essentiel du gaz russe à l’Europe, entre le 31 août et le 2 septembre, a encore accentué les craintes de pénurie sur le Vieux Continent et fait décoller les cours du gaz naturel en Europe. Résultat, le cours du gaz européen (contrat à terme du TTF néerlandais) est reparti en flèche et a atteint, lundi, 295 euros le mégawattheure, s’approchant des records historiques atteints dans les premiers jours de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Et la semaine pourrait être douloureuse pour l’euro. Pour l’instant, en 2022, la devise s’était ressaisie après avoir flirté avec le seuil de la parité, mais « de mauvais indicateurs PMI [purchasing managers index, l’indice des directeurs d’achat] mardi pourraient suffire à ancrer l’euro sous 1 dollar », déclare à l’AFP Kit Juckes, analyste à la Société générale. Car, de l’autre côté de l’Atlantique, malgré un léger affaiblissement de l’inflation américaine en juillet, la Réserve fédérale américaine (Fed) assure qu’elle va continuer de resserrer sa politique monétaire
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Le Royaume-Uni également pris dans la crise
Alors que l’économie américaine est moins affectée que l’Europe par la guerre en Ukraine, la Fed a plus de marge de manœuvre pour agir que les banques centrales du Vieux Continent. Ainsi, la livre sterling a aussi renoué avec son plus bas de 2022. « C’est une sale année pour la livre, qui se replie même face à l’euro, alors que la Banque d’Angleterre a remonté ses taux à chaque réunion [depuis la fin de 2021] », rappellent les analystes de OFX.
Malgré ces hausses, l’inflation britannique dépasse 10 % sur un an et est la plus élevée parmi les pays du G7, en raison de la guerre en Ukraine, des séquelles de la pandémie, mais également du Brexit, lequel resserre le marché du travail et perturbe encore plus les chaînes d’approvisionnement au Royaume-Uni.
A 1,1764 dollar pour 1 livre, la devise britannique est à son plus bas depuis le début de 2020 et les premiers mois de la pandémie. Avant cela, la livre sterling n’était pas repassée sous 1,18 dollar depuis 1985.
Le Monde