Le mot a jeté un froid dans les travées du très chic hippodrome parisien. Rationner le gaz ou l'électricité dans les prochains mois, ce n'est plus tabou pour le gouvernement d'Elisabeth Borne. « Si nous devions en arriver au rationnement, les entreprises seraient les premières touchées »
Alors pour éviter ce scénario noir, la Première ministre appelle les entreprises à accélérer, rapporte Julien Chavanne du service politique de RFI. Elles devront présenter un plan de sobriété énergétique le mois prochain avant un audit en octobre. Depuis le mois de juin, le gouvernement français répète son objectif de réduction de 10% de la consommation énergétique en France d'ici à 2024.
Le dirigeant du Medef, Geoffroy Roux de Bezieux, se dit prêt à jouer le jeu, à certaines conditions. « Les entreprises feront leur part, mais évitons les mesures symboliques, médiatiques et qui pointent les uns et les autres dans cette transition ».
« Il n'y a pas de surprofits du côté de l'État »
Les polémiques sur les jets privés ou sur l'arrosage des golfs sont mal passées chez les patrons. Sans compter la menace d'une taxe sur les superprofits agitée par Elisabeth Borne qui a donné lieu à un échange acide à la tribune. « Finalement, les surprofits sont finalement du côté de l’État par le phénomène de l’impôt que ceux des entreprises ». Elisabeth Borne lui a sèchement répliqué : « Non, monsieur le président, il n'y a pas de surprofits du côté de l'État », en soulignant les dépenses engagées pour protéger le pouvoir d'achat des Français.
On a une obligation d'aller vers une société plus sobre. Mais on le voit dans son discours, on est dans une sobriété qui en fait ne remet absolument pas en cause le fait que certains ont de plus grands efforts que d'autres.
Si ce week-end, Elisabeth Borne avait déclaré qu'elle « ne (fermait) pas la porte » à l'idée de taxer les « super-profits » des entreprises, elle ne s'est pas étendue sur le sujet ce lundi. Dans une interview au Parisien, la Première ministre les avait tout de même incitées à baisser les prix ou à donner du pouvoir d'achat à leurs salariés en utilisant à plein, par exemple, le triplement des primes défiscalisées (dites « primes Macron ») qu'elles peuvent verser à leurs employés.
Mettre la pression sur les entreprises
Sur la question de l'énergie, le gouvernement cherche donc à mettre la pression sur les entreprises sans atteindre le point de rupture. Matignon envisageait dimanche soir 28 aout de demander aux entreprises baisser la consommation d'énergie de 10% en quelques semaines. Une idée finalement mise de côté, en tout cas pour l'instant.
Elisabeth Borne avait également annoncé le déblocage d'un « fonds vert » doté d'1,5 milliard d'euros destiné aux collectivités locales pour « les aider dans l'accélération de leur transition écologique » et promis que l'exécutif allait amortir « les hausses » des prix de l'énergie après la fin du bouclier tarifaire en décembre, grâce à des « dispositions spécifiques » pour les « plus fragiles ».
RFI