Les coûts de production du sucre s’envolent
Le marché mondial du sucre résiste à la guerre en Ukraine qui a fait chuter le prix de nombreuses matières premières.
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Le Brésil est le plus gros exportateur mondial et c’est grâce à lui si les cours du sucre ont légèrement dévissé, même s’ils restent fermes. L’explication vient du prix du pétrole : face au cours du brut qui a baissé et à l’inflation dans le pays, le géant Petrobras a baissé le prix de l’essence. Celui de l’éthanol a automatiquement suivi la même pente. Et les transformateurs de canne gagnent moins aujourd’hui en allouant leur champ de canne à sucre à la fabrication de biocarburant. On le voit sur la deuxième partie de la campagne, qui a débuté en avril : les Brésiliens ont limité le débouché éthanol pour privilégier la production de sucre. Et c’est ce qui a permis de maintenir ces derniers mois un niveau d’offre de sucre à l’export suffisant pour répondre à la demande.
Les surfaces de canne ont pourtant diminué dans le pays, mais « ce qui a été perdu en canne a été gagné en volume de sucre » résume Timothé Masson, secrétaire général de l’Association mondiale des producteurs de betteraves et de canne à sucre. « Le Brésil reste le facteur stabilisateur du marché », explique l’expert, même si l’Inde vient de lui voler la place de premier producteur de sucre. L’Inde produit essentiellement pour sa consommation intérieure et exporte peu, elle influe donc peu aussi sur les cours mondiaux du sucre. Le programme Éthanol indien en pleine croissance contribue par ailleurs à réduire les volumes de sucre indien à l’export.
L’Europe va devoir payer plus pour raffiner et importer
La bonne tenue du marché mondial alimenté par une reprise de la consommation ces derniers mois amplifie en revanche la tension sur le marché européen pris dans la tourmente liée à la guerre en Ukraine : les prix européens s’envolent sur le marché spot, c’est-à-dire pour des livraisons immédiates. En cause, les prix du gaz et les craintes des raffineries de manquer de gaz.
Ces prix pèsent toujours aussi sur celui des engrais. Or la betterave très gourmande en intrants pourrait donc voir ses surfaces diminuer au profit de cultures moins exigeantes, une perspective qui alimente la hausse. Et qui s’ajoute à la baisse de production en Europe. Les Européens vont devoir importer plus cet hiver.
Mais au prix de 750 euros la tonne, le sucre importé et raffiné risque de coûter cher aux acheteurs industriels européens. En mai dernier, pour la même quantité, ils déboursaient 300 euros de moins.