Pour être validée, la candidature de Luc Rémont ne devait pas recueillir l'opposition de plus de 3/5e des membres des commissions des Affaires économiques et du Sénat. L'actuel responsable des opérations internationales de Schneider Electric a recueilli 32 avis favorables sur 61 exprimés à l'Assemblée nationale, et 26 votes favorables sur 45 exprimés côté Sénat. Sa nomination à la tête d'EDF doit maintenant être formellement annoncée par décret.
Passage obligé du processus de nomination, Luc Rémont, 53 ans, s'est plié au jeu des questions-réponses lors d'une longue audition de quatre heures devant les députés, précédée d'un entretien devant les sénateurs. Le contexte est « critique à court terme », a-t-il reconnu devant les sénateurs. « Dans ce contexte de crise énergétique, EDF traverse elle-même une crise sérieuse, d'ordre technique et industrielle, qui accentue la tension sur l'offre d'énergie », a-t-il constaté.
Reprise de la production nucléaire
L'urgence est connue : sur 56 réacteurs nucléaires, la moitié est à l'arrêt en raison d'opérations de maintenance ou de problèmes de corrosion. Tout l'enjeu sera de faire redémarrer suffisamment de réacteurs pour faire face aux pics de consommation dans l'hiver. Luc Rémont a promis de se consacrer « totalement », dès les premières heures de son mandat, à tenir les engagements d'EDF pour la reprise des réacteurs à l'arrêt. Objectif visé : une production nucléaire entre 38 et 40 gigawatts en décembre, et entre 45 et 50 gigawatts en janvier.
Tenir l'hiver est la première des priorités de Luc Rémont. Au-delà, le futur homme fort d'EDF prévoit de nombreux chantiers, dont la relance d'un programme nucléaire voulu par le gouvernement, l'investissement hydroélectrique et le « développement et l'adaptation des réseaux à une électricité plus décentralisée ». Surtout, il va lui falloir remettre d'aplomb la situation financière du groupe. Sa dette pourrait culminer à 60 milliards d'euros fin 2022. Il faudra la résorber petit à petit, sans renoncer aux investissements de l'entreprise et sans compromettre son avenir. Pour cela, il faudra rassurer salariés et syndicats qui redoutent une vente à la découpe des différentes activités du groupe en pleine renationalisation.
Devant les parlementaires, Luc Rémont a également demandé une réforme « profonde » des règles du marché européen, en jugeant « indispensable » le découplage des prix du gaz et de l'électricité.
RFI