La Bourse aux métaux de Londres ne sera pas plus royaliste que les États qui n'ont encore pris aucune sanction internationale contre les métaux russes. Elle ne restreindra donc pas leur commerce. L'aluminium, le cuivre et le nickel russes pourront continuer à faire l'objet de transactions commerciales dans ce haut lieu de fixation des prix mondiaux des métaux non ferreux. Le LME (London Metal Exchange) continuera aussi à autoriser le stockage physique des métaux russes dans ses entrepôts, et n'en limitera pas les quantités.
Depuis l'invasion de l'Ukraine, la question a été débattue à plusieurs reprises, soit parce que des patrons d'entreprises russes productrices de métaux étaient sous sanction britannique, soit parce que certains craignaient un impact sur les prix. À la rentrée, le producteur américain Alcoa a ainsi adressé plusieurs courriers à la célèbre instance, pour demander un embargo sur les produits russes, selon les informations obtenues par l'agence Reuters.
La crainte d'Alcoa c'est que faute d'acheteur, la proportion d'aluminium russe dans les stocks physiques ne fasse qu'augmenter et que la décote opérée sur les produits russes ne fasse baisser le prix des contrats, et notamment ceux de l'aluminium.
Le LME ne craint pas de désordre sur les marchés
Après une consultation ouverte durant le mois d'octobre, le LME a finalement opté pour le statu quo avec plusieurs arguments : des acheteurs continuent d'accepter de se fournir en métal russe, la demande existe donc et ce n'est pas au LME d'imposer un jugement moral à l'ensemble du marché.
Pour étayer son refus d'opter pour un embargo, la bourse aux métaux de Londres, s'appuie sur les derniers chiffres d'octobre : aucun afflux majeur de métal russe n'a été constaté dans ses entrepôts. Et si cela devait se produire, l'institution estime, à ce stade, que cela n'entraînerait pas de désordre sur le marché.
La Bourse, qui fait référence au niveau mondial, s'engage cependant à faire œuvre de transparence et à publier régulièrement, à compter de janvier prochain, le détail des volumes de métaux russes entreposés.
Une interdiction peu viable ?
Interdire les métaux russes serait difficilement jouable, explique un courtier habitué du LME au vu du poids du groupe Rusal. Et cela aurait surtout pour effet d'ouvrir un boulevard à la bourse aux métaux de Shanghai, de plus en plus dominante, bourse qui possède aussi des stocks physiques. Sans oublier que le LME est propriété de la bourse de Hong-Kong, et aurait donc peut-être du mal à s'opposer à des intérêts russes, souligne notre interlocuteur.