Au premier jour de leur sommet à Hiroshima, les membres du G7 ont annoncé de nouvelles sanctions contre la Russie, en visant notamment le très lucratif commerce des diamants grâce à des méthodes de traçage de haute technologie.
« Les diamants ne sont pas éternels », a ironisé le président du Conseil européen Charles Michel lors de son intervention devant les chefs d’États et de gouvernements du G7 ce vendredi matin à Hiroshima. Le clin d'œil au film de James Bond ouvrait la porte à des sanctions du G7 à l’encontre des diamants russes, dont l’exportation représente 5 milliards de dollars par an pour la Russie. La Grande-Bretagne est allée plus loin en annonçant qu'elle interdirait purement et simplement les diamants russes.
Fin septembre, déjà, la Commission européenne avait proposé de les sanctionner, rappelle notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazet. Le huitième paquet de sanctions a été adopté dix jours plus tard, mais sans mention de diamants, car la Belgique y avait opposé son veto. Depuis, la question avait été remise aux calendes grecques et il aura fallu la préparation de ce sommet du G7 pour qu’elle refasse surface.
Il faut dire que le secteur diamantaire anversois reste un pôle économique névralgique pour le royaume. Les diamants représentent 15% des exportations belges en dehors de l’UE et 5% du total des exportations de la Belgique. Anvers reste aujourd’hui un des pôles diamantaires les plus importants au monde. 40% des diamants polis, 50% des diamants industriels et 85% des diamants bruts transitent par la « métropole » flamande.
Mais un tiers des pierres sont importées de Russie, raison des craintes que font peser la perspective de sanctions sur un secteur déjà menacé par la concurrence indienne. Il aura fallu un vote du Parlement belge mercredi en faveur des sanctions contre les diamants russes pour que le président du Conseil européen, belge lui-même, puisse proposer de telles sanctions.
Une industrie majeure en Inde
Les pays du G7 vont maintenant tenter de convaincre l'Inde de se joindre à ces sanctions. La tâche ne sera pas facile, la Russie est un allié stratégique de l'Inde depuis des décennies, et New Delhi n'a pas condamné publiquement Moscou pour son invasion de l'Ukraine. En outre, le pays est un importateur majeur de diamants russes. Les géants miniers russes, dont Alrosa, fournissaient traditionnellement plus d'un tiers des diamants bruts taillés en Inde. Dans l'État du Gujarat, où 90% des diamants du monde sont taillés et polis, l'industrie du diamant emploie près d'un million de personnes, négociants et fournisseurs inclus.
Après l'invasion de l'Ukraine, l'offre s'est réduite sous l'effet des sanctions occidentales ayant exclu la Russie du système bancaire international Swift. En parallèle, les exportations indiennes de diamants taillés et polis se sont effondrées, les entreprises américaines et européennes refusant d'acheter des diamants provenant de Russie.
Les exportations indiennes de diamants taillés et polis ont rapporté 1,32 milliard de dollars en avril, selon les données du Conseil de promotion des exportations de pierres précieuses et de bijoux (GJEPC), accusant une chute de 39%, soit plus de 800 millions de dollars, par rapport à la même période l'an passé.
Selon le président du GJEPC, Vipul Shah, l'industrie sera attentive au type de sanctions imposées aux diamants russes. « La Russie est l'un de nos principaux fournisseurs (...) L'approvisionnement va être contraignant, nous allons faire face à un gros problème », a-t-il déclaré, « le sujet immédiat est celui de l'emploi qui sera gravement affecté. »
RFI