Un ex-cadre canadien de la banque dénonce l'ingérence du parti communiste dans les décisions de la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (BAII). Des accusations fracassantes suivies de l'annonce du Canada qu’il se retire de la BAII, source d'une possible nouvelle tension entre le Canada et la Chine.
La BAII, fondée en 2016 - dans l'objectif de contrecarrer l'influence occidentale au sein du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale - compte aujourd'hui 106 pays membres. Parmi, eux aussi, la France et l'Allemagne, mais pas les États-Unis qui craignaient dès le départ la domination chinoise sur cette structure qui finance surtout des projets dans le cadre des « nouvelles Routes de la Soie », chères au numéro un chinois Xi Jinping.
Dès que Bob Pickard rejoint la banque en mars 2022, on le met en garde: il ne faudra pas « s'embrouiller avec les membres du Parti communiste chinois (...) parce qu’ils sont puissants ». Puis, il comprend vite que la banque doit avant tout servir les intérêts de Pékin. Les prêts vont donc principalement là où la Chine poursuit ses objectifs géopolitiques.
« Pourquoi le Canada participe-t-il à une banque qui rend la Chine plus puissante ? », se demande alors ce cadre et il démissionne. « Manque de transparence », « système parallèle de décision », « influence excessive du Parti communiste », des accusations jugées « sans fondement » par Pékin. Mais la ministre canadienne des Finances, Chrystia Freeland, les prend au sérieux et a annoncé qu'Ottawa « cesserait immédiatement toutes ses activités au sein de la banque ».
Une brouille qui se rajoute à d’autres, parmi elles l’arrestation de la directrice financière de Huawei en 2018 et la décision en 2022 de bannir le géant des télécoms du marché canadien. L’accueil de 10 000 Ouïghours persécutés en Chine et l’enquête sur l’ingérence chinoise dans les deux dernières élections canadiennes n’ont pas non plus été au goût de Pékin.
RFI