Le géant russe devait rembourser un peu plus de 11 millions de dollars hier. Mais le transfert d’argent est devenu techniquement impossible en raison des sanctions britanniques (depuis le 24 mars) et surtout américaines (depuis vendredi dernier). Il y a une semaine, les dirigeants d’Alrosa avaient pourtant assuré prendre les dispositions nécessaires pour payer cette échéance de dette via leur filiale américaine et leur banque britannique. En vain finalement.
Alrosa – 90% de la production russe de diamant et 28% de l’offre mondiale – s’expose donc à un défaut de paiement et, si c’était le cas, à une saisie de ses biens à l’étranger. Comme les chemins de fer russes qui, jeudi dernier, se sont dits eux aussi incapables de rembourser à temps 605 millions de dollars. Mais Moscou a, là, promis que le paiement se ferait en roubles.
Les tailleurs de diamants indiens s’inquiètent
Les ennuis financiers d’Alrosa inquiètent ses clients. Notamment l’Inde, où sont taillés une grande partie des diamants bruts extraits en Russie.
Le géant du diamant était déjà mis à l’index par certains joailliers et horlogers. Le groupe de luxe Richemont –propriétaire de Cartier et Van Cleef & Arpels – ainsi que le bijoutier danois Pandora ont en effet décidé ces derniers jours de se passer de diamant russe. Même si cela ne s’annonce pas facile et que cela aura forcément un coût, pour les acheteurs.
Le cas Alrosa est même depuis des jours à l’origine de tensions au sein de la filière et notamment du RJC – Responsible jewelry council – un organisme international de certification qui valide les bonnes pratiques en matière d’approvisionnement d’or ou de diamant.
Le diamant russe divise bijoutiers et horlogers de luxe
Plusieurs membres prestigieux qui regrettaient que l’organisation ne se soit pas positionnée assez vite sur le statut des entreprises russes adhérentes ont quitté le RJC – Alrosa a d’elle-même fini par se mettre en retrait.
Face à la fronde interne, le Responsabile Jewelry Council a mis en avant, dans un communiqué daté du 1er avril, la nécessité de respecter les procédures internes, aussi inédit soit le contexte actuel, et réaffirme son engagement en faveur de la promotion d’une filière responsable et durable.
RFI