Sommet États-Unis – Afrique : que faut-il retenir du Business Forum de Joe Biden ?
La capitale du Botswana, Gaborone, accueille jusqu’à vendredi le 15e « US-Africa Business Summit », un sommet des affaires entre les États-Unis et l’Afrique.
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La capitale du Botswana, Gaborone, accueille jusqu’à vendredi le 15e « US-Africa Business Summit », un sommet des affaires entre les États-Unis et l’Afrique. Au programme, échanges entre représentants politiques, institutions financières, et entreprises pour tenter de renforcer les échanges commerciaux entre Washington et le continent, comme s’y attèle depuis le début de son mandat le président Joe Biden.
Sept mois après le sommet des chefs d’État de Washington, l’accent est donc à nouveau mis sur la coopération économique et commerciale avec ce sommet de Gaborone. À l’époque, la Maison Blanche s’était engagée à débloquer 55 milliards de dollars de coopération publique sur 3 ans et conclu des accords privés à hauteur de 15 milliards. Il s’agit donc cette semaine d’engranger de nouveaux contrats, et de démontrer « l’amplitude des ressources et des futurs financements », selon Scott Nathan, à la tête de la DFC, le bras armé de Washington.
Il faut dire qu’en termes de liens commerciaux avec le continent, les États-Unis courent loin derrière la Chine, avec 83 milliards de dollars d’échanges en 2021, contre plus de 250 milliards pour Pékin – qui est au coude-à-coude avec l’Union Européenne.
Il est, de plus question, d’aider l’Afrique à monter en gamme, afin de créer davantage de valeur ajoutée sur le continent, et de profiter de tous les avantages qu’aura à offrir la zone de libre échange africaine (Zlecaf).
« Réclamer une place pour l’Afrique au sein de toutes les institutions internationales d’importance »
Pour le conseiller Afrique à la Maison Blanche Judd Devermont, cette réunion des milieux d’affaires au Botswana est l’occasion de revenir sur les efforts fournis par les États-Unis depuis le sommet de Washington :
« Comme le président [américain Joe] Biden l’a dit, nous sommes à 100 % avec l’Afrique, et je suis ravi de vous annoncer que nous tenons parole quant à cette promesse, avec des rencontres aux plus hauts niveaux, des investissements importants et sérieux sur le continent, et nous sommes aussi en première ligne pour réclamer une place pour l’Afrique au sein de toutes les institutions internationales d’importance. »
Le président nigérien Mohamed Bazoum fait partie des chefs d’État qui ont fait le déplacement, pour entendre ce que les États-Unis ont à mettre sur la table : « Nos relations commerciales, entre le Niger et les États-Unis, pour le moment ce n’est pas très fameux, malheureusement. Les discussions que nous avons dans le cadre de ce forum participent de ces efforts des États-Unis de permettre justement aux capitaux américains d’être investis en Afrique. »
« Des technologies et des compétences »
Que les partenariats se fassent avec les États-Unis ou la Chine, l’important c’est que l’Afrique ne soit plus une simple terre d’exportation de matières premières, selon Ejike Egbuagu. Il est à la tête de la société de financement Moneda, basée au Nigeria :« Les partenariats que nous recherchons sont davantage collaboratifs, où il y a des capitaux injectés, mais aussi des technologies et des compétences. »
Les États-Unis espèrent que de nouveaux accords avec le secteur privé seront signés au cours de ce sommet, pour venir s’ajouter aux 15 milliards de dollars de contrats déjà annoncés en décembre.
Quel avenir pour l'Agoa ? L'Afrique du Sud, grand absent du sommet
Pour montrer que l’intérêt est réciproque quant aux propositions américaines, plusieurs chefs d’État africains ont fait le déplacement. Notamment, les présidents du Niger, du Mozambique, du Zimbabwe et bien sûr du Botswana sont présents.
En revanche, le grand absent est l’Afrique du Sud : nulle trace du président sud-africain Cyril Ramaphosa, alors que son pays, qui bénéficie le plus de l’Agoa, voit planer la menace d’une exclusion, à cause de sa proximité avec la Russie.
Car l'avenir de ce système de préférence commerciale qui facilite l’accès au marché américain des pays africains est parmi les questions en suspens. Une loi qui a finalement peu profité à l’ensemble du continent, et qui arrive à expiration en 2025, tandis que d’autres initiatives comme « Prosper Africa » se développent et que la zone de libre échange continentale rebat les cartes.
Le chef de l’État du Botswana Mokgweetsi Masisi a d’ailleurs plaidé à l'ouverture du sommet pour un renouvellement de cette loi de l’Agoa afin de « lancer un signal fort aux marchés ».