Des actionnaires de Shell ont demandé au géant des hydrocarbures de définir une trajectoire en conformité avec l'accord de Paris. Cela peut sembler contre-intuitif, pourtant, 27 investisseurs vont déposer une résolution en ce sens en vue de l'assemblée générale du groupe pétrolier. Cette résolution du groupe d'actionnaires activistes exige la prise en compte des émissions carbone liées à l'utilisation des produits vendus par Shell.
Cette stratégie peut-elle avoir un impact ? Ces actionnaires représentent moins de 3,5% du capital, mais avec un total de 3 900 milliards d'euros d'actions et avec, dans leur rang, le géant européen de la gestion d'actifs Amundi, leur poids n'est pas non plus insignifiant.
« Cohérentes »
https://www.rfi.fr/fr/%C3%A9conomie/20240117-des-actionnaires-de-shell-d%C3%A9posent-une-r%C3%A9solution-climat-pour-des-objectifs-plus-ambitieux
Et ce genre d'initiative est important, souligne Anna Creti, professeure d'Économie à Paris-Dauphine : « Dans la gouvernance des entreprises "Oil and gaz" [pétrogazières, NDLR], il y a quand même cette question des engagements pour la transition. Si ces entreprises veulent continuer à avoir les moyens financiers d’assurer leur futur, elles doivent être cohérentes. La finance a besoin, vice versa, de montrer qu’elle finance la transition. »
Capacité à la reconversion
Le groupe d’actionnaires n’en est pas à sa première tentative, il a déjà proposé l'an dernier une résolution climat, sans effet. Peu après, Shell était même revenu sur ses objectifs de réduction de production de pétrole. Thierry Bros, professeur à Sciences Po, s'interroge d'ailleurs sur la stratégie des investisseurs, pas la meilleure à ses yeux pour favoriser la transition énergétique : « La solution la plus cohérente serait d’investir dans Shell, de sortir tous les dividendes qu’ils ont et réinvestir, non pas dans Shell, mais dans une société qui fait de l’électricité renouvelable. »
Cela pose la question de la capacité des entreprises pétrogazières à se reconvertir.
RFI