Même s’ils ne mettront que 200 000 barils de plus par jour sur le marché, les pays de l’Opep et leurs alliés sont passés à une vitesse supérieure. Un moyen de sortir de leur attitude prudente, tout en ménageant toujours la Russie.
L’Opep+ n’a en effet jamais pris depuis le début de la guerre de décision qui aille à l’encontre des intérêts russes. Ce volume supplémentaire ne change pas la donne : il ne suffira pas à remplacer le million de barils de pétrole russe produits en moins chaque jour, et permet à l’Opep de rester dans une certaine neutralité et une unité. Contrairement à ce que certaines voix laissaient penser avant la réunion, la Russie n’a finalement pas été mise à l’écart de l’accord relatif aux quotas de production.
Un arbitrage pour ne fâcher personne
Le geste permet de répondre, au moins symboliquement, aux demandes occidentales de libérer plus de brut.
Cette décision apparaît comme une réponse directe au président de l’AIE, assure un expert. Fatih Birol, le patron de l’Agence internationale de l’énergie, disait la semaine dernière craindre des pénuries de carburant, en particulier de diesel, en Europe cet été. Cette décision est aussi de fait une réponse, indirecte, à l’embargo européen sur le pétrole russe qui vient de faire objet d’un accord ce lundi 30 mai.
Impact sur les prix très limité
En ouvrant les vannes l’Opep+ arrive donc à ne pas ignorer les inquiétudes de l'Occident, son premier client, et réussit en même temps à ne pas tuer la poule aux œufs d’or : avec des cours qui se maintiennent au-dessus de 110 dollars le baril, les caisses des États producteurs se remplissent et ce ne sont pas les 200 000 barils jours supplémentaires qui vont faire chuter les prix. D’autant que la demande en Chine devrait repartir.
Il ne faut pas s’attendre non plus, selon nos interlocuteurs, à une baisse significative des prix du pétrole raffiné, c'est-à-dire des prix à la pompe payés par le consommateur.
RFI