Quelles sont les conséquences des coupures d'électricité sur votre vie quotidienne?
Face aux coupures d'électricité de cet hiver, tous les secteursseron certainement touchés.Mais quelles sont leurs conséquences sur votre vie quotidienne ?
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Face à l'hypothèse de plus en plus probable de coupures de courant ponctuelles cet hiver pour préserver le système électrique, le gouvernement est engagé dans un vaste travail de préparation et d'anticipation de toutes les perturbations qu'un tel scénario engendrerait. Transports, écoles, téléphonie… Tous les pans de la vie quotidienne des Français se retrouveraient chamboulés par l'absence temporaire d'électricité. Le Figaro fait le point.
Qui sera touché ? Qui ne le sera pas ?
Il convient d'abord de nuancer : toute la France ne tomberait pas dans le noir d'un coup et pendant toute une journée. «Les éventuelles coupures programmées ne devraient pas concerner plus de 4 millions de clients simultanément, pour une durée de deux heures», et affecteraient «alternativement des portions de départements», indique la circulaire envoyée mercredi par les services de la première ministre aux préfets. Elles ne pourront avoir lieu qu'en semaine, aux heures des pics de consommation, soit entre 8h et 13h et entre 18h et 20h.
En outre, tous les Français ne seront pas touchés : les ménages et acteurs «listés comme usagers prioritaires» ou raccordés à une ligne alimentant un usager prioritaire ou un site vital ne seront pas concernés. 40% des Français sont dans ce cas, selon le ministère de la Transition énergétique. À Paris, la haute concentration d'institutions et d'établissements stratégiques «fait que seuls 20% de la consommation d'électricité peut être coupée». De même, la Corse, qui dispose de sa propre production électrique et bénéficie d'une connexion avec l'Italie, n'est pas concernée dans son ensemble.
Autre précision essentielle, le volume de coupures dépendra de l'importance du déséquilibre entre l'offre et la demande d'électricité : si celui-ci est faible, «le volume de coupures opérées le sera aussi», précise l'exécutif. Pour vous permettre de déterminer, en cas de délestage, si vous serez touché par une coupure, Le Figaro a développé un outil s'appuyant sur le moteur de recherche d'Enedis. Vous pouvez le retrouver en cliquant sur ce lien.
Le téléphone sera-t-il coupé ? Pourra-t-on appeler les numéros d'urgence ?
Dans les zones qui seraient «débranchées», la coupure des communications téléphoniques et d'internet sera l'une des conséquences les plus visibles. Les Français ne pourront donc pas joindre les services de secours (les numéros d'appels d'urgence 15, 17, 18, 115, 196). Pour toute urgence, Il faudra appeler le numéro 112, accessible quel que soit l'opérateur, indique le gouvernement dans sa foire aux questions. «RTE, Enedis [...] et les opérateurs de téléphonie travaillent actuellement pour maintenir au maximum» l'accès à ce numéro durant les délestages, précise-t-on au ministère de la Transition énergétique.
Cependant, dans certaines zones blanches, il pourrait ne pas fonctionner non plus. Dans celles-ci, «d'autres dispositifs seront mis en place par les préfets», explique l'exécutif, comme le renforcement de la «présence humaine» dans les casernes de pompiers, gendarmeries et commissariats, ou encore des patrouilles renforcées.
Les trains seront-ils supprimés ? Pourra-t-on se déplacer ?
Dans une France aux territoires alternativement plongés dans le noir, les transports seront aussi touchés - même si «certaines infrastructures de transports» sont non-délestables, précise l'exécutif. Les transports ferroviaires sont les premiers concernés. Pour éviter de se retrouver avec des passagers bloqués en pleine voie pendant deux heures, la circulation pourra être complètement interrompue et des trains, métros ou tramways annulés : «Nous ne prendrons pas le risque que des trains soient bloqués pendant deux heures en pleine voie en raison de défauts de signalisation par exemple. C'est pourquoi, en cas de coupure, la circulation des trains sera suspendue», indique-t-on du côté du gouvernement.
À la SNCF, on se contente de dire que «SNCF Réseau travaille en lien avec le Gouvernement et RTE (le gestionnaire du réseau de transport d'électricité, NDLR) à une stratégie nationale d’approvisionnement électrique du réseau ferroviaire» dans le cas de délestages. Dans le métro parisien, on devrait «être, a priori, peu impactés en raison d’une alimentation électrique en circuit fermé.», indique-t-on à la RATP. En revanche, le réseau de tramways de la RATP et «quelques points» du réseau RER de la RATP «pourraient être impactés».
Quoi qu'il en soit, les Français sont appelés à «limiter leurs déplacements» pendant les coupures. Y compris en voiture car, hormis «les installations de signalisation et d'éclairage de la voie publique jugées indispensables à la sécurité», les feux tricolores et autres lampadaires seront éteints dans les zones délestées.
L'école peut-elle fermer ?
Les parents habitant dans des zones où un délestage est prévu le matin - les Français seront informés «la veille à 15 heures d'abord, puis à 17 heures de manière affinée», a précisé le porte-parole du gouvernement Olivier Véran jeudi sur BFMTV - devront garder les enfants à la maison ou prévoir une solution de garde. Ils devraient aussi être informés par l'établissement, par mail, selon FranceInfo.
En effet, «les écoles se situant dans un secteur concerné par un délestage le matin n'accueilleront pas les enfants pour l'ensemble de la demi-journée», précise la circulaire envoyée aux préfets. Et ce, pour éviter d'accueillir les enfants sans chauffage, ni lumière, ni alarme. «La rentrée des élèves le jour concerné se fera en début d'après-midi, avec sans doute un repas qui sera néanmoins prévu pour les élèves qui sont à la cantine», a confirmé jeudi le ministre de l'Éducation Pap Ndiaye. En outre, une école ne pourra être délestée deux fois dans la même journée et elle pourra subir, au maximum, trois délestages durant tout l'hiver, selon le ministère. Les autorités précisent aussi que les «transports scolaires» devraient s'adapter à ces situations.
Quid des malades pris en charge à domicile ?
Ces 4000 patients dits à haut risque vital, déjà recensés par les services de l'État, seront avertis par les gestionnaires des réseaux d'électricité en cas de signal Ecowatt rouge, indique le gouvernement. Si ces personnes vivent dans une zone qui connaîtra un délestage, les ARS «vérifieront que ces patients [...] ont une alimentation électrique autonome et suffisante supérieure à deux heures», pour qu'elles puissent traverser cette période. «Si nécessaire, les services de secours procéderont à une évacuation préventive des personnes concernées par une coupure [...] vers l'établissement de santé le plus proche de leur lieu de résidence, ou un site prévu à cet effet disposant d'une alimentation électrique», précise-t-on aussi.
Les commerces seront-ils fermés ?
Durant les périodes de coupures, il faut également s'attendre à voir beaucoup de commerces et magasins fermer leurs portes. «Pendant une coupure, les magasins ne peuvent pas accueillir leurs clients ou leurs salariés. Ils pourront décider de fermer ou non en fonction de l’annonce de la veille», explique-t-on à la Fédération du commerce et de la distribution (FCD). En revanche, «certains hypermarchés et supermarchés disposent de groupes électrogènes» et pourront donc ouvrir comme d'habitude, ajoute-t-on du côté de l'organisation professionnelle. Ils sont «très peu» dans ce cas, nuance une autre source du secteur.
Jean-François Guihard, président de la confédération des bouchers, annonce déjà : «On ne peut pas avoir de coupures pendant les heures d’ouverture, donc on fermera le magasin s'il y en a.» Pour les restaurateurs, si coupure il y a le midi, eux aussi seront dans l'impossibilité de servir leurs clients. Car cela signifie «plus de four, plus d’électricité, et donc plus de possibilité», s'inquiète Frank Delvau, patron de l'Umih Paris-Île-de-France.
Les pharmaciens seront aussi concernés par les coupures, comme tous les autres commerçants. L'exécutif les invite à «adapter leur organisation» aux horaires de délestage, en modifiant par exemple leurs heures d'ouverture.
Pourra-t-on retirer de l'argent ? Prendre l'ascenseur ?
Le gouvernement appelle aussi les Français à «anticiper la non-disponibilité de certains services du quotidien», grâce aux alertes envoyées la veille des délestages. Car qui dit coupure d'électricité dit distributeurs de billets hors-service, tout comme sa porte de garage - si l'on habite dans une maison - ou la porte d'accès à son immeuble - si l'on réside en appartement. Les distributeurs émaillant le territoire, «en cas de coupure d'électricité sectorisée pendant une durée déterminée, les clients pourront accéder aux espèces dans un autre lieu à proximité», précise la Fédération bancaire française (FBF).
Que ce soit dans son immeuble ou au travail, il faut absolument éviter de «prendre l'ascenseur quelques minutes avant l'heure de la coupure», ajoute le gouvernement. Sauf à vouloir passer deux heures bloqué… L'exécutif précise avoir demandé aux acteurs de l'immobilier, dont les agences et les réseaux HLM, de se mobiliser pour «relayer les conseils de bon sens».
En revanche, «les services publics essentiels pour la vie des gens (...) font partie des services prioritaires», a indiqué le ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini ce vendredi 2 décembre sur Franceinfo. Hôpitaux, services d'urgence, commissariats et gendarmeries continueront donc à fonctionner normalement.